PHILIPPE PETIT : Hitch-Hiking thru Bronze Mirrors ( Aagoo)
ASVA & PHILIPPE PETIT : Empires should burn (Basses Fréquences)
EUGENE S. ROBINSON & PHILIPPE PETIT : Last of the Dead Hot Lovers (Truth Cult)
On avait quitté la Lemon Girl de Philippe Petit littéralement au bord du précipice, prête à basculer dans le dernier acte de ses « Extraordinary Tales » et à y affronter ce qui l’attendait au bout du cauchemar. L’heure est donc venue pour elle et pour nous, et Hitch-Hiking thru Bronze Mirrors ne va pas prendre de gants avec sa pauvre héroïne. Pourtant, les premiers instants de l’album, avec leur mélodie de piano plutôt suave laissait augurer d’un léger répit, mais tout se détraque vite, replonge dans des paysages oniriques malsains et décalés au fil desquels Philippe Petit manie avec sadisme les dissonances, les crissements, les sons concrets et les envolées cristallines pour mieux faire souffler le chaud et le froid. La fille citron affronte ses peurs, mais ne semble pas en ressortir grandie, juste plus fragile encore, jusqu’à une conclusion qui, en guise de retour à la normale, ne fait en fait que prolonger encore davantage son supplice, comme lorsqu’on tente en vain de se réveiller d’un mauvais rêve pour n’y sombrer que plus profondément encore. Quoi qu’il en soit, avec cette trilogie désormais achevée qu’il conviendra d’écouter dans son intégralité pour mieux en percevoir l’ampleur, Philippe Petit signe son magnum opus, un monument transgenre à partir duquel devra être mesurée son œuvre future. Et comme l’hyper-prolifique compositeur ne nous laisse jamais bien longtemps pour souffler, c’est dès maintenant que cette évaluation doit être entamée, à travers deux collaborations comme il les affectionne. Présentée comme la « simple » rencontre du projet drone de Stuart Dahlquist et de Philippe Petit, Empires should burn ne s’offre pas moins la participation vocale de Jarboe, du spoken-artist Bryan Lewis Saunders et d’Eward Ka-Spel des Legendary Pink Dots. C’est à ce dernier que revient l’honneur de poser une voix froide et désincarnée sur le tapis d’orgue , de cymbalum et d’électronique tissé par les deux musiciens, avant que Dahlquist lui-même ne lui succède pour un titre confinant à un dark-ambient des plus anxiogènes, lardé de cris contrariés. Plus anecdotique, la participation de Saunders ne relève guère « A Vision », au contraire de Jarboe, qui plane comme un fantôme omniprésent sur le sépulcral « The Star Implodes », véritable temps fort d’ Empires should burn, qui s’achève en beauté avec l’élégiaque et instrumental « Apocryphatic_Ally », superbe de retenue et de finesse. D’une toute autre teneur est Last of the Dead Hot Lovers, seconde collaboration de Philippe Petit avec Eugene S. Robinson, monumental leader d’Oxbow, après The Crying of Lot 69 en 2011. En deux titres, de plus de vingt minutes chacun, le duo, appuyé ici par la présence de Kasia Meow, écrit l’histoire d’une relation amoureuse, chargée d’ incompréhensions, de colère, de perte et de trahison, qui s'achève dans les cris et la folie. Urbain, violent, hanté, Last of the Dead Hot Lovers est une plongée dans l’inconscient d’un couple dysfonctionnel. A la toute fin, n’en restera que des cendres tièdes, une vilaine gueule de bois et l’impression d’avoir assisté à un grand moment de vie, presque de façon clandestine. Encore un excellent début d’année pour Philippe Petit !
ASVA & PHILIPPE PETIT : Empires should burn (Basses Fréquences)
EUGENE S. ROBINSON & PHILIPPE PETIT : Last of the Dead Hot Lovers (Truth Cult)
On avait quitté la Lemon Girl de Philippe Petit littéralement au bord du précipice, prête à basculer dans le dernier acte de ses « Extraordinary Tales » et à y affronter ce qui l’attendait au bout du cauchemar. L’heure est donc venue pour elle et pour nous, et Hitch-Hiking thru Bronze Mirrors ne va pas prendre de gants avec sa pauvre héroïne. Pourtant, les premiers instants de l’album, avec leur mélodie de piano plutôt suave laissait augurer d’un léger répit, mais tout se détraque vite, replonge dans des paysages oniriques malsains et décalés au fil desquels Philippe Petit manie avec sadisme les dissonances, les crissements, les sons concrets et les envolées cristallines pour mieux faire souffler le chaud et le froid. La fille citron affronte ses peurs, mais ne semble pas en ressortir grandie, juste plus fragile encore, jusqu’à une conclusion qui, en guise de retour à la normale, ne fait en fait que prolonger encore davantage son supplice, comme lorsqu’on tente en vain de se réveiller d’un mauvais rêve pour n’y sombrer que plus profondément encore. Quoi qu’il en soit, avec cette trilogie désormais achevée qu’il conviendra d’écouter dans son intégralité pour mieux en percevoir l’ampleur, Philippe Petit signe son magnum opus, un monument transgenre à partir duquel devra être mesurée son œuvre future. Et comme l’hyper-prolifique compositeur ne nous laisse jamais bien longtemps pour souffler, c’est dès maintenant que cette évaluation doit être entamée, à travers deux collaborations comme il les affectionne. Présentée comme la « simple » rencontre du projet drone de Stuart Dahlquist et de Philippe Petit, Empires should burn ne s’offre pas moins la participation vocale de Jarboe, du spoken-artist Bryan Lewis Saunders et d’Eward Ka-Spel des Legendary Pink Dots. C’est à ce dernier que revient l’honneur de poser une voix froide et désincarnée sur le tapis d’orgue , de cymbalum et d’électronique tissé par les deux musiciens, avant que Dahlquist lui-même ne lui succède pour un titre confinant à un dark-ambient des plus anxiogènes, lardé de cris contrariés. Plus anecdotique, la participation de Saunders ne relève guère « A Vision », au contraire de Jarboe, qui plane comme un fantôme omniprésent sur le sépulcral « The Star Implodes », véritable temps fort d’ Empires should burn, qui s’achève en beauté avec l’élégiaque et instrumental « Apocryphatic_Ally », superbe de retenue et de finesse. D’une toute autre teneur est Last of the Dead Hot Lovers, seconde collaboration de Philippe Petit avec Eugene S. Robinson, monumental leader d’Oxbow, après The Crying of Lot 69 en 2011. En deux titres, de plus de vingt minutes chacun, le duo, appuyé ici par la présence de Kasia Meow, écrit l’histoire d’une relation amoureuse, chargée d’ incompréhensions, de colère, de perte et de trahison, qui s'achève dans les cris et la folie. Urbain, violent, hanté, Last of the Dead Hot Lovers est une plongée dans l’inconscient d’un couple dysfonctionnel. A la toute fin, n’en restera que des cendres tièdes, une vilaine gueule de bois et l’impression d’avoir assisté à un grand moment de vie, presque de façon clandestine. Encore un excellent début d’année pour Philippe Petit !