Souvent marquée par des influences passées, finement intégrées à un terreau sonore moderne, la musique de Bee Mask a largement tiré parti des apports de la musique concrète, des pionniers des synthétiseurs ou du bruitisme, sans jamais aller aussi loin dans le sens de la révérence que ne le fait ici Chris Madak sur son premier LP pour le label Room40, Vaporware / Scanops aux deux faces clairement distinctes. Rendant directement hommage à la musique cosmique et new age, « Vaporware » habille des tapis de nappes aériennes, de sonorités old-school et de cliquetis cristallins. Planant, mais pas uniquement, « Vaporware » fourmille de minuscules détails et plutôt qu'un vertige cosmique, évoque l'observation méticuleuse au microscope, quand l'infiniment petit prend une clarté nouvelle tandis que le reste du monde s'évapore dans un flou indistinct. S'ouvrant sur des climats élégiagues au sein desquels s'intègrent à la perfection les boucles de voix samplées de Katherine Brady et Autre Ne Veut, « Scanops » est en définitive bien plus traître, et si Bee Mask y déroule pendant plus de six minutes tous les clichés de la musique new age (échos légers, voix éthérées dépourvues de langage, respirations), c'est pour mieux les tordre en les emprisonnant dans une gangue de crépitements âcres évoquant plus les stridulations d'un compteur geiger que le langage des étoiles. Faussement serein, Vaporware / Scanops est un piège qui prend à revers, Chris Madak s'y emparant de nos attentes d'un passé recomposé pour en tirer de véritables nouvelles perspectives pour Bee Mask.
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December 2013
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