Disparu des écrans radars après l'unique album, plutôt rock, de son projet Glowworm, Kevin Scott Davis a entre temps vécu des moments difficiles, puisque son premier disque sous sa nouvelle identité de Betacicadae parle de rédemption, de conflit et de renaissance spirituelle. Oeuvre cathartique donc, pour son auteur, qui en assemblé chaque élément avec soin pendant plus de deux ans, ciselant un paysage complexe de field recordings, d'électroniques et d'instruments acoustiques divers (vibraphone, flute, percussions, guitares...) en un matériau dense propice à toutes les manipulations. Au fil de Mouna, on est ainsi transportés de climats religieux en moiteurs tropicales, de rêves éveillés en réalités à peine entraperçues d'un regard, sans la moindre baisse de régime. Ni drone, même s'il y en a, ni ambient, même si Mouna est plus que riche en ambiances variées, cet acte de naissance de Betacicadae est une grande réussite, et rien que pour la riche progression de « Pahoa », la luxuriance de « Gold Country » et les voix élégiaques cloturant « Telerehabilitation », mérite amplement que l'on s'y arrête, d'autant que le packaging, tant de la version LP que de son équivalent CD est absolument magnifique, peint et fabriqué à la main avec autant de soin de Betacicadae a mis à construire sa musique. Un voyage chaudement recommandé.