Dans un monde aussi volatil que celui des musiques électroniques, un artiste comme Miguel De Pedro, actif depuis 1998 sous l'identité de Kid606, fait figure de vétéran, sinon d'ancêtre. Pourtant, force est de le reconnaître, ses albums les plus marquants, enregistrés voilà plus d'une décennie (PS I love you, GQ on the EQ++) ont aujourd'hui passablement vieilli et leur morgue d'ado décidé à casser ses jouets en adressant un doigt d'honneur à la scène idm les a finalement condamnés à n'être qu'un témoignage temporel d'un moment où les héritiers de la techno se cherchaient une porte de sortie. Et s'il a lui même exploré quelques voies de traverse durant ces dernières années, de l'analogique Songs about fucking Steve Albini au très référentiel Pretty Girls make Raves, Kid606 n'apparaissait plus sur nos radars que comme un écho fantôme, éclipsé par d'autres lumières plus vives. C'est dans ce contexte d'oubli relatif que Miguel De Pedro tente un nouveau retour avec Lost in the Game, pour lequel il décide de nous présenter son visage le plus aimable : exit les breaks agressifs, les synthés trop acides pour être honnêtes, le rictus omniprésent qui se retrouve ici confiné simplement aux titres de morceaux (« Step into the Light you fucking Idiot »), qui révèlent par ailleurs l'inévitable prise de conscience de l'âge qui atteint le Kid comme les autres (« Night Club vs. Book Club », « I'm sick but I ain't dead »...), tandis que s'invitent des ambiances mélodiques que l'on n'attendait guère ici. En vieillissant, Kid606 se serait donc assagi, et c'est là que le bât blesse : les beats tournent aux ralentis, les mélodies font montre de joliesse, les effets dubby sont proprets, tout ceci est bel et bien gentil, mais ressemble plus à la bande son d'un salon de thé branchouille qu'à ce qu'à pu produrie Kid606 par le passé. Pas la moindre once de danger ici, ni d'ailleurs d'originalité puisque la plupart de ce que propose Lost in the Game ne ferait pas tache sur le catalogue de quelques netlabels (du moins de leurs sorties d'il y a sept ou huit ans). Le monde bouge, la musique électronique évolue sans cesse, mais la seule option prise par Kid606 est celle d'un retour à un pseudo âge d'or cotonneux qui n'a jamais véritablement existé, une ignorance aussi béate que coupable qui finit par rendre Lost in the Game totalement inutile et redondant...Sauf si vous prévoyez d'ouvrir un salon de thé (ou de coiffure) branchouille, évidemment.
|
AuthorWrite something about yourself. No need to be fancy, just an overview. Archives
December 2013
Categories |