Après avoir incarné, sans doute mieux que beaucoup d'autres, la libération créatrice des musiques électroniques, passant au gré de projets innombrables d’une pop électronique raffinée (Lassigue Bendthaus) à une electronica duveteuse (Atom Heart) sans oublier de prendre le temps de relooker sérieusement les titres de Kraftwerk à la sauce latino (Señor Coconut), pour ne citer que ses activités les plus connues, Uwe Schmidt a pris le parti, voilà déjà quelques temps, de recentrer sa production sur l’identité unique d’AtomTM, parvenant à surprendre par sa capacité à innover dans la continuité. Ainsi, après deux albums plutôt froids et conceptuels consacrés, au moins pour partie, à la musique romantique allemande du XIXè Siècle et aux notions philosophiques qui la sous-tendait, Uwe Schmidt change radicalement son fusil d’épaule avec HD, un album muri pendant huit ans qui pourrait bien être l’équivalent 2013 du Pop Artificielle de Lassigue Bendthaus en 1998. Si ce n’est que les temps ont bel et bien changé, et la musique électronique, qui se voulait alors radicale et novatrice, est devenue aussi hégémonique que creuse, épuisée par des vagues successives à l’inspiration en berne pour lesquelles le clonage prend valeur de création. Pas question donc pour Uwe Schmidt, qui a accompagné la naissance de la techno et de ses avatars plus expérimentaux, de se laisser aller à une glorification béate d’un passé réinventé par une globalisation technophile, HD sera contestataire, et c’est là une révolution pour un compositeur que l’on savait avant tout porté sur une ironie légère et détachée. Au fil des neuf titres de HD, AtomTM va donc prendre pour cible, de façon étonnamment directe, tout un pan de la musique mainstream contemporaine et du monde du disque : du désincarné « Empty MTV » (« Empty ») au robotique et revanchard « Gaga, Gomez, Timberlake, give us a fucking break » qui surgit de « Stop (Imperialist Pop) », le titre le plus véhément de l’album, en passant par la constatation froide qu’il est impossible de faire passer la moindre idée dans un monde saturé d’informations (« The Sound of Decay »), et le funk froid et ironique d’un « I Love U (Like I Love My Drum Machine) » chanté par Jamie Lidell, sans oublier une reprise décharnée et hachée du « My Generation » des Who, Uwe Schmidt règle ses comptes avec une saine colère communicative. Mais ce qui fait également tout le sel d’HD c’est que, au-delà de ces vraies réactions de rejet, AtomTM nous rappelle pourquoi l’on aime, en définitive, la musique électronique, pourquoi ces ternes copistes ne parviendront jamais à l’annihiler totalement. Par l’innocence d’un « Pop HD » chanté en français, sans doute le plus beau descendant du « Radioactivity » de Kraftwerk, par l’optimisme minimaliste d’« Ich bin meine Maschine », Schmidt redonne son lustre à une electro en bout de course, la convertit pour un nouveau chapitre, qui se jouera évidemment en HD !
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December 2013
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