S’il a exploré, depuis le début des années 90 l’ensemble du spectre des musiques électroniques sous une quantité ahurissante d’identités parallèles : Atom Heart, Lassigue Bendthaus, Flanger ou Senõr Coconut (avec lequel il remporta un succès inattendu pour ses reprises de Kraftwerk en version latino), pour ne citer qu’une infime partie de celles-ci, l’Allemand Uwe Schmidt, aujourd’hui installé au Chili n’en possède pas moins une solide formation classique, qu’il a choisi de mettre à profit depuis sa récente décision de réduire ses activités pour se consacrer uniquement à Atom TM, sans doute son projet le plus conceptuel depuis des lustres. Après Liedgut, qui explorait d’une façon toute personnelle l’univers des lieder de Schubert, Uwe Schmidt consacre donc un second album à l’œuvre du compositeur avec Winterreise, très librement inspiré de la pièce éponyme de Schubert. Pourtant, il serait vain d’attendre qu’Atom TM évolue dans le néoclassicisme, et si Schubert apparait sans doute ici en filigrane (samplé, et utilisé comme source sonore pour des oscillateurs), l’inspiration de Winterreise est finalement bien plus visuelle que musicale, puisque l’album prend naissance dans une série de clichés réalisés par Schmidt lors de sa tournée européenne à la fin 2010. Un voyage d’hiver personnel, donc, qui fait aussi pour l’artiste office de retour aux sources puisqu’il y revenait temporairement sur les terres de son enfance, loin de son univers désormais quotidien de Santiago. Composé de plusieurs mouvement distincts, qui pourtant s’interpénètrent et s’influencent mutuellement, Winterreise fait voisiner ambient étiré (le cycle de « Drei Schneewalzer) et glitch comme on n’en fait plus guère (la première partie de «Streuung »), ambiances Kraftwerkiennes claudicantes (l’ouverture de GauB’sche Landaufnahme »), passages d’electronica mélodique que l’on jurerait issues d’une production nippone et climats arctiques minimaux, alternant sans cesse entre quelques rares titres dépassant les cinq minutes et quantité d’interludes courts, l’ensemble se répondant sans cesse, des motifs réapparaissant à plusieurs reprises dans un contexte différent. Très éloigné, au premier abord, de Schubert, Winterreise n’en adopte pas moins des modes de construction proches, avec une instrumentation et des objectifs très différents. Pas de drame ici, ou alors à un niveau microscopique, Uwe Schmidt ne relâchant jamais sa prise sur le disque, comme pour mieux l’empêcher de déborder de ses limites préétablies. Alors, Winterreise constituera t-il la musique classique du siècle prochain ? On peut toujours rêver !
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December 2013
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