A l'écoute de Vermin, on ne peut qu'imaginer son auteur, l'Israélien désormais installé à Berlin Adi Gelbart, que comme un savant fou dans une série B un peu cheap de la fin des années 60. En blouse blanche et hirsute, il bricolerait dans son laboratoire des formes de vie mutantes et improbables qui font ping, whooosh, ou krzzzz en tournant des boutons et en remplissant des fioles de liquides fumants et bouillonnants, pour mieux hâter la fin du monde, et sa domination sur ce qu'il en reste. Une vision qui n'est d'ailleurs pas si absurde que cela à bien y réfléchir. Composé pour moitié par la bande originale d'un film homonyme de SF réalisé par Adi Gelbart, Vermin est un choc, plus qu'un assemblage, de presque tout ce qui existe : musique cosmique, ambiances de cartoon, inserts concrets, collage à l'arraché d'instruments acoustiques et de jouets bricolés transformés en sources sonores, tout ceci débordant de partout dans un ride sensoriel que n'aurait sans doute renié ni les Residents ni le Nurse With Wound de la grande époque, l'influence absurde de dada se combinant ici à celle des ateliers radiophoniques de la BBC, des pionniers de la musique électronique et des soundtracks à la Doctor Who. Après une première face épuisante de ces multiples soubresauts, Gelbart nous offre en face B la bande originale, en deux parties, de Vermin, qui si elle reprend les ingrédients précités, le fait de façon moins chaotique, y insérant de vrais beaux moments de claustrophobie spatiale, qui donnent, en définitive toute sa valeur à ce LP en canalisant le chaos qui menaçait de nous engloutir. Et si les monstrueuses créatures hybrides du Dr Gelbart venaient à dominer la terre, Vermin constituerait l'idéal environnement sonore de l'invasion.
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December 2013
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