Depuis la mise en hibernation prolongée de Pan Sonic, le Finlandais Mika Vainio a fait feu de tout bois, explorant sur un nombre croissant de publications en solo un spectre musical de plus en plus étendu. Frôlant de près les climats industriels sur le EP Vandal, il s'empara ensuite des tropes du métal pour Life (… It eats you up), avant de revenir avec FE3O4 - Magnetite (rien à voir avec le FE2O3 de Mlada Fronta si ce n'est un goût commun pour les oxydes de fer) à des atmosphères plus proches de ses albums antérieurs. A l'aide de son attirail sonore habituel (oscilloscopes, radios...), d'effets minimalistes et de field recordings, Mika Vainio dessine avec FE3O4 – Magnetite les contours érodés de formes indistinctes évoluant entre des blocs de silence et des attaques sèches. Instables, pouvant s'effondrer à tout moment, les sept titres de l'album peuvent ainsi commencer de manière très minale pour s'orienter ensuite vers une noise râpeuse (« Magnetica », et plus encore « Magnetism » qui joue de la micro-coupure pour faire s'écrouler l'édifice), agréger un paysage de drones grisés (« Magnetosense »), insérer un sentiment d'inquiétude dans des résonances de bols tibétains (« Magnetosome ») dévorées par des captations de mélodies éraillées, ou opposer directement noise et silence dans un « Elvis's TV Room » qui passe sans le moindre signe avant-coureur de l'un à l'autre. Ardu, taiseux à l'image de son auteur, FE3O4 – Magnetite est un album qui ne cherche pas à faire de cadeaux à l'auditeur, semble se moquer comme d'une guigne de son éventuelle présence d'ailleurs. Il existe, c'est tout, dans un espace intermédiaire ouvert par Mika Vainio. Peu importe sous quel angle nous pouvons parvenir à l'apprivoiser, cela n'en diminuera en rien sa puissance.