Avec pas moins de vingt cinq albums, cassettes et EP publiés en moins de trois ans (sans compter une quinzaine d'autres sous le nom de Quiet Evenings avec son mari Grant, alias Nova Scotian Arms), Rachel Evans a rapidement su imposer Motion Sickness of Time Travel comme l'un des incontournables d'une scène ambient minimaliste et lo-fi, où des drones sourds et des nappes noyées de souffle forment la texture d'un voyage dont les contours varient peu mais qui séduit pourtant presque à tout coup (son album Luminaries & Synastry demeure l'un des temps forts de 2011) . Pourtant, pour ce superbe double vinyl éponyme chez Spectrum Spools, Rachel Evans a choisi d'apporter quelques aménagements radicaux qui renouvellent en profondeur le son désormais familier de Motion Sickness of Time Travel sans pour autant y perdre sa singularité. Composé de quatre titres occupant chacun une face du vynile, ce nouvel album dévoile une facette bien plus ambitieuse de l'artiste, qui s'y révèle bien plus et nous surprend à chaque instant. Car, et c'est bien l'une des principales qualités de Motion Sickness of Time Travel, les synthétiseurs mis ici nettement plus en avant tissent de fines mélodies qui évoluent sans cesse, chaque titre étant, plus qu'un instantané, une aventure à lui tout seul, au point qu'il est difficile de se rappeler, lorsqu'un morceau se termine, dans quelles conditions il avait commencé. Extrêmement fluide, et pour une fois d'une pureté cristalline - le souffle et l'attitude DIY étant ici restés au placard , la musique nous entraine sans peine à sa suite, nous enveloppe dans un voyage où les synthés old-school (« Summer of the Cat's Eye ») et les réminiscence d'un shoegaze ambient bien plus ancré dans les années 80 (« The Center » pourrait ainsi être la version alanguie et filandreuse d'un This Mortal Coil), côtoient des abîmes proprement cosmiques, la voix pâle et inarticulée de Rachel Evans faisant le lien entre tous ces éléments à priori disparates. Passionnant, et d'un intérêt qui se renouvelle à chaque nouvelle écoute, Motion Sickness of Time Travel est comme un précipité alchimique de tout ce que Rachel Evans avait accompli jusqu'ici, et ce n'est sans doute pas un hasard si elle a choisi de le laisser sans titre car, bien plus que tous ses prédécesseurs, il signe clairement l'entrée dans l'âge adulte d'un projet dont on attend avec impatience les prochains développements. Fort heureusement pour nous, au rythme où travaille Rachel Evans, nous ne devrions guère à avoir longtemps et nous pourrons, d'ici là, nous baigner avec béatitude dans les marées stellaires de ce magnifique album-univers.
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December 2013
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