Adeptes de la collaboration, le prolifique polonais Bartosz Dziadosz, alias Pleq et l'Anglais Harry Towell, qui compose sous le nom de Spheruleus mais dirige également le très respectable label Audio Gourmet, se sont déjà plusieurs fois croisé par le passé, et Quietus Gradualis pourrait être vu comme l'aboutissement d'une relation de travail murie sur le long terme, affinée par l'évolution de chacun. Présenté sous deux formes différentes, dont une tirée à seulement quatre vingt exemplaires, appartenant à la série des « Chocolate Box » du label Time Released Sound se présente sous la forme d'un casse tête où circulent des billes et d'autres accessoires aussi inutiles qu'amusants, Quietus Gradualis ne se prête pourtant que peu au jeu et aux couleurs vives. En deux titres d'une vingtaine de minutes, où sur un fond de drones terreux et de craquements, s'enroulent des ambiances complexes faites de guitares faussement enjouées et de cordes épurées, cette nouvelle aventure en duo propose une superbe réflexion mélancolique sur le rapport au temps et à l'entropie, qui régit tout, de l'écoulement des notes et des textures à celui des billes dans le minuscule « flipper » finalement aussi dérisoire qu'adapté. On retrouve également Spheruleus en solitaire pour un album, disponible uniquement en téléchargement mais organisé comme un vinyle avec ses deux faces distinctes, dont le titre (Dissolve) ne pouvait que nous séduire. Inspiré par une photographie d'une maison isolée au sein de la campagne galloise par Richard Outram tout autant que désespéré par un lieu d'habitation qui semblait lui ôter toute créativité, Harry Towell s'est lancé dans une rêverie musicale qui prend l'aspect de deux pièces, « Retreat » et « Dissolve », collage particulièrement élaboré de guitares, de violoncelle, d'un piano, d'un harmonica et même de spectre de voix inarticulés qui émergent d'un brouillard de field recordings (grondements d'orage, pluie...) et de particules en suspension. Tout en finesse et en retenue, nostalgique mais sans jamais céder au pathos du lieu, Dissolve évoque avec brio les couleurs délavées du paysage, la peinture qui se décolle sur les planches du bardage exposé aux éléments, le vent frappant aux fenêtres sales, la poussière qui s'accumule, le temps qui n'en finit plus de passer... Magnifique !
PLEQ / SPHERULEUS : Quietus Gradualis (Time Released Sound) / SPHERULEUS : Dissolve (Audio Gourmet)6/23/2012
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December 2013
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