Depuis quelques temps déjà, l’œuvre de Dominick Fernow est en pleine mutation. De sa participation au très new-wave Cold Cave aux nouvelles colorations, plus « dark ambient » que noise de Prurient, en passant par des mixes où il n’hésite pas à mettre en avant ses références electro-industrielles, le New-Yorkais semble, à l’instar d’autres artistes issus de la scène noise comme Pete Swanson ou Carlos Giffoni, avoir trouvé une échappatoire dans une instrumentation électronique, le plus bel exemple de cette renaissance sonore étant sans doute Vatican Shadow, qui baigne dans des sons synthétiques froids et répétitifs. De par ses choix thématiques centrés autour du Moyen Orient en guerre, Vatican Shadow évoque immanquablement Muslimgauze, les similitudes entre les deux projets étant d’ailleurs loin de se limiter à ces seuls aspects puisque l’on retrouve, chez Vatican Shadow, cette même manière de démarrer un morceau sans prévenir et de le couper tout aussi abruptement, comme s’il ne nous était simplement pas destiné, cette même répétitivité maniaque qui amène à la trance. Mais, là où l’œuvre de Bryn Jones, nourrie de ses obsessions et de sa réclusion, tournait en vase clos, ne se nourrissant que d’elle-même et des actualités en provenance du Moyen Orient, recyclant son propre matériau jusqu’à épuisement de tout potentiel narratif, celle de Dominick Fernow est bien plus ouverte et peut, comme sur Remember your Black Day, atteindre l’idéal point d’équilibre entre force et minimalisme, que ce soit dans la simple répétition de la plus restreinte des palettes électroniques : un rythme, une boucle (« Circumstances quickly became questioned »), ou dans l’inclusion d’un riff de guitare et d’une voix indéchiffrable, eux aussi bouclés (« Enter Paradise ») qui viennent périodiquement irriguer la machine. Proche ailleurs de la rigoureuse sécheresse rythmique d’un Sonar (« Not the Son of Desert Storm, but the Child of Chechnya »), autre projet qui ne cache pas l’influence déterminante qu’à pu avoir Muslimgauze sur son développement, Dominick Fernow ferme la boucle et réalise avec Remember you Black Day l’accord parfait entre industriel exigeant, techno aliénante et esprit noise.
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December 2013
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