Explorateur des capacités texturales de la guitare, le japonais Takashi Ueno a choisi, depuis une quinzaine d’années, la six cordes comme son instrument de choix, sans qu’il soit possible pour autant de le rattacher à une tradition musicale. A l’instar d’autres guitaristes japonais qu’il rencontre dans une série d’émissions pour Vice Japan (tels Keiji Haino, Guitar Wolf ou Deerhof), Ueno - que ce soit dans ses travaux solo ou au sein de Tenniscoats - se sert davantage de la guitare pour ses aspects purement sonores que pour ses qualités mélodiques. Répétitives, légères, ses improvisations rassemblées sur Smoke Under the Water partent de presque rien, de quelques notes bouclées qui s’assemblent pour composer des structures aussi évidentes que labyrinthiques. N’utilisant qu’une configuration minimaliste : une guitare et une pédale-sampler, rien de plus, Takashi Ueno se débarrasse de tout le superflu pour ne conserver que l’essence de chaque instant. Soutenus par des échos se reflétant à l’infini dans des miroirs déformants, les sept titres de l’album sont autant de constructions fragiles qui se dressent le temps de nous permettre de nous y perdre avant de disparaître à nouveau pour céder la place à de nouvelles recherches autour du même concept. Tour à tour sombre et ludique, Smoke Under the Water regorge de moments de pure perfection où, au détour d’une cascade de notes ténues, tout fait sens.
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