Celer par Jean-François Micard
Depuis la moitié de la décennie passé, Celer était comme un phare, lointain, sur la scène ambient, dont la lumière ne nous parvenait que par intermittence, sur une suite croissante de sorties sur des labels très divers et souvent confidentiels, dont on savait pourtant qu'elles ne constituaient que l'arbre masquant la forêt, l'impressionnante quantité de musique que publiaient, comme on écrit son journal intime, le couple composé de Will Thomas Long et de son épouse Danielle Baquet-Long. Chaque disque, chaque moment que nous parvenions à découvrir ainsi était un enchantement, et donnait évidemment envie d'en entendre plus, toujours plus... Et voilà que, foudroyée par la maladie, Danielle Baquet décède en 2009 nous laissant tous, comme nous le pensions alors, orphelins de Celer. Mais c'était compter sans Will Long, qui après quelques temps a repris seul le flambeau et compose à nouveau sous l'identité de Celer une pluie de disques tous aussi personnels et captivants que les précédents, tout en replongeant régulièrement dans son passé pour en extraire inédits ou nouvelles versions. Alors que l'année 2011 et les premiers mois de 2012 ont été particulièrement prolifiques pour Celer, Will Long nous a fait l'honneur d'être le premier à nous livrer les clés de son travail et de l'aventure Celer...
Celer était initialement un projet que tu partageais avec ton épouse, Danielle, qu'est-ce qui t'a poussé à décider de continuer seul après son décès ?
Will Thomas Long : Ce fut une décision difficile, et pendant longtemps, je n'étais pas sûr que ce soit la meilleure chose à faire. Pendant une période, après 2009, je ne voulais pas composer quoi que ce soit de nouveau sous le nom de Celer, ni sous un autre nom d'ailleurs. Cependant, nous avions des albums terminés qui étaient en attente de sortie dont je devais m'occuper, ce qui m'obligeait à continuer à travailler sur ce projet. Lorsque suffisamment de temps s'était écoulé, j'ai pu de nouveau reprendre du plaisir à jouer de la musique, et une nouvelle inspiration est apparue, qui m'a permis de poursuivre tout ce processus. Me remettre à jouer m'a aider à tous les niveaux à me guérir de cette période terrible.
L'an dernier, pendant un bref moment, tu as publié plusieurs disques sous ton propre nom sur ta page bandcamp avant de les retirer et de relancer Celer. Cette transition était-elle nécessaire à ce moment là ?
Ma décision de continuer sous le nom de Celer a été difficile, mais elle a fini par se révéler inévitable. Après m'être installé au Japon à la fin de 2010, je n'ai plus eu vraiment le choix. De nombreuses personnes me demandaient de donner des concerts, et ils étaient à chaque fois annoncés sous le nom de Celer. Mes amis m'encourageaient à continuer ainsi, et j'ai commencé à penser qu'il serait finalement plus égoïste d'abandonner Celer et de trouver un nouveau nom qui me couperait intégralement de mon passé, dès lors que ma musique demeurait dans le même style, même si elle était légèrement différente du fait que j'étais désormais livré à moi-même. En définitive, garder le nom de Celer m'a semblé le meilleur choix et le fait d'avoir cette relation avec mon passé, qui n'aurait d'ailleurs pas cessé d'exister même si j'avais changé de nom, m'a facilité les choses d'un point de vue émotionnel. Conserver le nom sous lequel nous avions travaillé ensemble me permet de garder cette relation, et les sources d'inspiration que j'avais alors et qui continuent à m'animer, tout en y incluant la possibilité d'un futur.
Qu'est-il arrivé à ces albums « solo » ? Les as tu retravaillé et incorporé dans des travaux récents de Celer ?
Les disques que j'ai fait sous mon nom ne sont pas publiés actuellement, mais pour la simple raison que je n'ai pas encore trouvé quoi en faire. Je ne m'en suis pas servi pour composer d'autres disques, et s'ils sont publiés, j'aimerais que cela se fasse sous mon nom puisque c'est ainsi qu'ils ont été initialement mis en ligne.
Est-ce très différent de travailler seul sur Celer dorénavant de quand vous étiez deux ?
C'est différent par certains côtés, mais pas tant que ça la plupart du temps. La plupart des gens pensent toujours aux duos comme à des gens qui jouent ensemble en permanence. En ce qui nous concerne, cela n'a pratiquement jamais été le cas. Nous avions presque toujours des emplois du temps différents, et il nous arrivait de nous échanger des fichiers et des enregistrements. Ce qui est beaucoup plus difficile maintenant est que je dois tout faire moi-même, mais je n'ai guère le choix. Je commence même à apprécier, même s'il m'a fallu beaucoup de temps.
Ce qui est assez troublant en ce moment, c'est que plusieurs albums de Celer qui sont apparus récemment sont en fait des albums inédits que tu avais composé avec Danielle. C'est un peu comme si l'ancien et le nouveau Celer se superposaient...
C'est vrai que certains de mes nouveaux disques sont des albums que nous avions commencé ensemble, mais que j'ai fini seul plus récemment. Je pense que c'est parce que j'ai le sentiment que la musique qui y figure, que nous avions ébauché, est toujours importante, et j'essaye toujours de faire figurer les dates et les crédits de chaque publication dans les notes qui l'accompagnent. Pour en revenir à la manière dont nous travaillions ensemble, il est également important de savoir que nous n'étions pas responsables tout le temps à part égale de chaque album. Certains disques de Celer étaient entièrement l'oeuvre de Danielle, d'autres ne viennent que de moi. C'était plutôt 70/30 la plupart du temps, mais cela fonctionnait indifféremment dans les deux sens. Dans de nombreux cas, pour être honnête, j'ai oublié qui avait fait quoi, ce qui n'en rend pas la musique moins pertinente à mon sens.
Will Thomas Long : Ce fut une décision difficile, et pendant longtemps, je n'étais pas sûr que ce soit la meilleure chose à faire. Pendant une période, après 2009, je ne voulais pas composer quoi que ce soit de nouveau sous le nom de Celer, ni sous un autre nom d'ailleurs. Cependant, nous avions des albums terminés qui étaient en attente de sortie dont je devais m'occuper, ce qui m'obligeait à continuer à travailler sur ce projet. Lorsque suffisamment de temps s'était écoulé, j'ai pu de nouveau reprendre du plaisir à jouer de la musique, et une nouvelle inspiration est apparue, qui m'a permis de poursuivre tout ce processus. Me remettre à jouer m'a aider à tous les niveaux à me guérir de cette période terrible.
L'an dernier, pendant un bref moment, tu as publié plusieurs disques sous ton propre nom sur ta page bandcamp avant de les retirer et de relancer Celer. Cette transition était-elle nécessaire à ce moment là ?
Ma décision de continuer sous le nom de Celer a été difficile, mais elle a fini par se révéler inévitable. Après m'être installé au Japon à la fin de 2010, je n'ai plus eu vraiment le choix. De nombreuses personnes me demandaient de donner des concerts, et ils étaient à chaque fois annoncés sous le nom de Celer. Mes amis m'encourageaient à continuer ainsi, et j'ai commencé à penser qu'il serait finalement plus égoïste d'abandonner Celer et de trouver un nouveau nom qui me couperait intégralement de mon passé, dès lors que ma musique demeurait dans le même style, même si elle était légèrement différente du fait que j'étais désormais livré à moi-même. En définitive, garder le nom de Celer m'a semblé le meilleur choix et le fait d'avoir cette relation avec mon passé, qui n'aurait d'ailleurs pas cessé d'exister même si j'avais changé de nom, m'a facilité les choses d'un point de vue émotionnel. Conserver le nom sous lequel nous avions travaillé ensemble me permet de garder cette relation, et les sources d'inspiration que j'avais alors et qui continuent à m'animer, tout en y incluant la possibilité d'un futur.
Qu'est-il arrivé à ces albums « solo » ? Les as tu retravaillé et incorporé dans des travaux récents de Celer ?
Les disques que j'ai fait sous mon nom ne sont pas publiés actuellement, mais pour la simple raison que je n'ai pas encore trouvé quoi en faire. Je ne m'en suis pas servi pour composer d'autres disques, et s'ils sont publiés, j'aimerais que cela se fasse sous mon nom puisque c'est ainsi qu'ils ont été initialement mis en ligne.
Est-ce très différent de travailler seul sur Celer dorénavant de quand vous étiez deux ?
C'est différent par certains côtés, mais pas tant que ça la plupart du temps. La plupart des gens pensent toujours aux duos comme à des gens qui jouent ensemble en permanence. En ce qui nous concerne, cela n'a pratiquement jamais été le cas. Nous avions presque toujours des emplois du temps différents, et il nous arrivait de nous échanger des fichiers et des enregistrements. Ce qui est beaucoup plus difficile maintenant est que je dois tout faire moi-même, mais je n'ai guère le choix. Je commence même à apprécier, même s'il m'a fallu beaucoup de temps.
Ce qui est assez troublant en ce moment, c'est que plusieurs albums de Celer qui sont apparus récemment sont en fait des albums inédits que tu avais composé avec Danielle. C'est un peu comme si l'ancien et le nouveau Celer se superposaient...
C'est vrai que certains de mes nouveaux disques sont des albums que nous avions commencé ensemble, mais que j'ai fini seul plus récemment. Je pense que c'est parce que j'ai le sentiment que la musique qui y figure, que nous avions ébauché, est toujours importante, et j'essaye toujours de faire figurer les dates et les crédits de chaque publication dans les notes qui l'accompagnent. Pour en revenir à la manière dont nous travaillions ensemble, il est également important de savoir que nous n'étions pas responsables tout le temps à part égale de chaque album. Certains disques de Celer étaient entièrement l'oeuvre de Danielle, d'autres ne viennent que de moi. C'était plutôt 70/30 la plupart du temps, mais cela fonctionnait indifféremment dans les deux sens. Dans de nombreux cas, pour être honnête, j'ai oublié qui avait fait quoi, ce qui n'en rend pas la musique moins pertinente à mon sens.
Les premiers disques que tu as réalisé par toi même portaient des titres largement évocateurs de ta perte. Est-ce que la musique t'a aidé dans ton travail de deuil ?
Peut-être que les titres ne sont pas vraiment censés évoquer mon deuil en particulier, ils m'avaient juste semblé appropriés à l'époque. Mais c'est vrai que le fait de composer et de publier de la musique m'a énormément aidé, parce que cela m'occupait l'esprit et me forçait à me concentrer sur de nouvelles choses. Au fur et à mesure que j'avançais, il est devenu évident qu'il fallait que je laisse la musique se développer dans d'autres directions, car il est très facile de se renfermer sur son passé jusqu'à s'y perdre, ce qui peut être tout aussi préjudiciable que de chercher à le fuir en allant aveuglément de l'avant.
Considères-tu toujours l'oeuvre actuelle de Celer comme un hommage à sa mémoire ?
Il y aura toujours une partie de cela en moi, mais je suis également influencé par beaucoup de nouvelles choses. Le passé est important, mais le futur l'est aussi. Il est nécessaire d'apprécier et de respecter tout ce qui s'est passé, tout ce qui a eu du sens, mais comme je te le disais, il est dangereux de s'y complaire. C'est important d'avancer, d'aller au delà des choses que tu ne peux de toutes manières pas changer.
Tu publies des disques à une cadence soutenue. As-tu tendance à les considérer comme des chapitres d'un tout plus important ou comme des oeuvres à part entière ?
Pour moi, ils sont avant tout comme les pages d'un journal. Ils ne sont pas censés être liés d'une quelconque manière, ce ne sont que des pièces créées au fil du chemin, qui ont sans doute quelques traits en commun, mais sont également indépendantes du fait des circonstances, ou des inspirations qui les ont vu naitre. Je ne pense pas à mon travail comme à un « grand oeuvre » et j'ai conscience que tout ce que je publie n'est pas d'une qualité égale, mais j'essaye d'être aussi spontané et naturel que possible, ce qui me permet de conserver une fraicheur dont j'ai besoin. Toute chose a ses hauts et ses bas, comme d'ailleurs n'importe quelle journée.
Tu as récemment réédité plusieurs anciens disques de Celer avec quantité de bonus qui, dans certains cas, changent toute la structure de l'album. Je pense particulièrement à Engaged Touches, mais aussi Capri, qui sont très différents dans leur nouvelle version. As-tu le sentiment que ces albums étaient incomplets lorsqu'ils sont sortis la première fois ?
Ils n'étaient pas vraiment incomplets, mais ils ne contenaient pas tout ce qui avait été initialement créé pour eux. Evidemment, c'était principalement du à des contraintes de format et cela arrive presque tout le temps. Sur n'importe quel disque, tu as des pistes coupées et des versions abandonnées, mais dans le cas d'Engaged Touches ou de Capri, ces extensions m'ont poussé à changer la structure, ou la couleur d'un album. C'est comme de retrouver des morceaux perdus, et d'avoir quelque chose de pratiquement neuf à absorber et découvrir.
Penses-tu retravailler d'autres albums de Celer de la même manière ?
Je ne sais pas s'il y en a beaucoup d'autres qui se prêteraient à ce traitement, mais c'est possible. Si un label vient me demander une nouvelle version d'un album, j'ai toujours la possibilité d'aller fouiller dans mes archives et d'en ressortir des prises oubliées. Par exemple, Discourses of the Withered va bientôt être remasterisé et réédité par Infraction, avec un titre supplémentaire qui avait été supprimé au moment de sa première sortie. D'autres albums vont être publiés par Streamline cette année, comme par exemple I, Anatomy , qui se présentera soit sous la forme d'un vinyle, soit sous celle d'un CD, avec deux versions très différentes, malgré quelques points communs.
Tu es, à ma connaissance, l'un des artistes qui utilise le plus le service Bandcamp pour diffuser commercialement sa musique. Penses- tu que cela soit une plateforme adaptée à Celer, qui te permettrait de rester totalement indépendant ?
Bandcamp est utile et me permet de rendre la plupart de mes albums épuisés à nouveau disponible, et qui permet aux auditeurs de contribuer directement au travail de l'artiste, mais il lui manque encore certaines choses pour que je puisse âtre totalement indépendant grâce à ce service. Par exemple, Bandcamp impose aux artistes une limite de six cent mégas, ce qui rend pratiquement impossible la publication d'une pièce dépassant les cinquante-cinq minutes, du fait de la taille du fichier. Et il y a tout de même des conditions d'utilisation assez draconiennes. Mais néanmoins, c'est une plateforme très utile et je suis très heureux qu'elle existe. Dans un système où le partage de fichiers est généralisé et où les gros distributeurs grignotent sans arrêt sur la part versée aux artistes, je pense qu'il est important qu'il y ait des services comme celui-ci, où le public peut soutenir directement les artistes qu'il aime.
Est-ce que le côté physique de vos CDR faits main ne te manque pas ?
Par certains côtés, si, mais l'une des raisons pour lesquelles nous avions du arrêter d'en faire à partir de 2008 est le temps que cela nous prenait. Nous n'avions pas le temps de faire à la fois des autoproductions et des albums pour des labels. J'aimerais refaire quelque chose dans ce sens dans l'avenir, mais c'est difficile d'apporter une qualité suffisante qui vaille à la fois l'investissement en temps et en argent, sans même parler de la somme que le public devra dépenser pour l'acquérir. Cela coûte cher de faire des produits à la main, et lorsque tu y parviens, tu es le plus souvent limité au format CDR, ce qui diminue de manière significative la qualité de ce que tu publies. Je pense qu'il est envisageable que je publie dans l'avenir des éditions très limitées de certains albums, mais c'est un projet qui prend du temps à mettre en place, et je dois encore décider si cela en vaut la peine et si cela pourrait intéresser certaines personnes.
Peut-être que les titres ne sont pas vraiment censés évoquer mon deuil en particulier, ils m'avaient juste semblé appropriés à l'époque. Mais c'est vrai que le fait de composer et de publier de la musique m'a énormément aidé, parce que cela m'occupait l'esprit et me forçait à me concentrer sur de nouvelles choses. Au fur et à mesure que j'avançais, il est devenu évident qu'il fallait que je laisse la musique se développer dans d'autres directions, car il est très facile de se renfermer sur son passé jusqu'à s'y perdre, ce qui peut être tout aussi préjudiciable que de chercher à le fuir en allant aveuglément de l'avant.
Considères-tu toujours l'oeuvre actuelle de Celer comme un hommage à sa mémoire ?
Il y aura toujours une partie de cela en moi, mais je suis également influencé par beaucoup de nouvelles choses. Le passé est important, mais le futur l'est aussi. Il est nécessaire d'apprécier et de respecter tout ce qui s'est passé, tout ce qui a eu du sens, mais comme je te le disais, il est dangereux de s'y complaire. C'est important d'avancer, d'aller au delà des choses que tu ne peux de toutes manières pas changer.
Tu publies des disques à une cadence soutenue. As-tu tendance à les considérer comme des chapitres d'un tout plus important ou comme des oeuvres à part entière ?
Pour moi, ils sont avant tout comme les pages d'un journal. Ils ne sont pas censés être liés d'une quelconque manière, ce ne sont que des pièces créées au fil du chemin, qui ont sans doute quelques traits en commun, mais sont également indépendantes du fait des circonstances, ou des inspirations qui les ont vu naitre. Je ne pense pas à mon travail comme à un « grand oeuvre » et j'ai conscience que tout ce que je publie n'est pas d'une qualité égale, mais j'essaye d'être aussi spontané et naturel que possible, ce qui me permet de conserver une fraicheur dont j'ai besoin. Toute chose a ses hauts et ses bas, comme d'ailleurs n'importe quelle journée.
Tu as récemment réédité plusieurs anciens disques de Celer avec quantité de bonus qui, dans certains cas, changent toute la structure de l'album. Je pense particulièrement à Engaged Touches, mais aussi Capri, qui sont très différents dans leur nouvelle version. As-tu le sentiment que ces albums étaient incomplets lorsqu'ils sont sortis la première fois ?
Ils n'étaient pas vraiment incomplets, mais ils ne contenaient pas tout ce qui avait été initialement créé pour eux. Evidemment, c'était principalement du à des contraintes de format et cela arrive presque tout le temps. Sur n'importe quel disque, tu as des pistes coupées et des versions abandonnées, mais dans le cas d'Engaged Touches ou de Capri, ces extensions m'ont poussé à changer la structure, ou la couleur d'un album. C'est comme de retrouver des morceaux perdus, et d'avoir quelque chose de pratiquement neuf à absorber et découvrir.
Penses-tu retravailler d'autres albums de Celer de la même manière ?
Je ne sais pas s'il y en a beaucoup d'autres qui se prêteraient à ce traitement, mais c'est possible. Si un label vient me demander une nouvelle version d'un album, j'ai toujours la possibilité d'aller fouiller dans mes archives et d'en ressortir des prises oubliées. Par exemple, Discourses of the Withered va bientôt être remasterisé et réédité par Infraction, avec un titre supplémentaire qui avait été supprimé au moment de sa première sortie. D'autres albums vont être publiés par Streamline cette année, comme par exemple I, Anatomy , qui se présentera soit sous la forme d'un vinyle, soit sous celle d'un CD, avec deux versions très différentes, malgré quelques points communs.
Tu es, à ma connaissance, l'un des artistes qui utilise le plus le service Bandcamp pour diffuser commercialement sa musique. Penses- tu que cela soit une plateforme adaptée à Celer, qui te permettrait de rester totalement indépendant ?
Bandcamp est utile et me permet de rendre la plupart de mes albums épuisés à nouveau disponible, et qui permet aux auditeurs de contribuer directement au travail de l'artiste, mais il lui manque encore certaines choses pour que je puisse âtre totalement indépendant grâce à ce service. Par exemple, Bandcamp impose aux artistes une limite de six cent mégas, ce qui rend pratiquement impossible la publication d'une pièce dépassant les cinquante-cinq minutes, du fait de la taille du fichier. Et il y a tout de même des conditions d'utilisation assez draconiennes. Mais néanmoins, c'est une plateforme très utile et je suis très heureux qu'elle existe. Dans un système où le partage de fichiers est généralisé et où les gros distributeurs grignotent sans arrêt sur la part versée aux artistes, je pense qu'il est important qu'il y ait des services comme celui-ci, où le public peut soutenir directement les artistes qu'il aime.
Est-ce que le côté physique de vos CDR faits main ne te manque pas ?
Par certains côtés, si, mais l'une des raisons pour lesquelles nous avions du arrêter d'en faire à partir de 2008 est le temps que cela nous prenait. Nous n'avions pas le temps de faire à la fois des autoproductions et des albums pour des labels. J'aimerais refaire quelque chose dans ce sens dans l'avenir, mais c'est difficile d'apporter une qualité suffisante qui vaille à la fois l'investissement en temps et en argent, sans même parler de la somme que le public devra dépenser pour l'acquérir. Cela coûte cher de faire des produits à la main, et lorsque tu y parviens, tu es le plus souvent limité au format CDR, ce qui diminue de manière significative la qualité de ce que tu publies. Je pense qu'il est envisageable que je publie dans l'avenir des éditions très limitées de certains albums, mais c'est un projet qui prend du temps à mettre en place, et je dois encore décider si cela en vaut la peine et si cela pourrait intéresser certaines personnes.
L'une de tes sorties les plus récentes est une collaboration live avec Machinefabriek, ainsi que deux EP que vous avez enregistré ensemble. Comment cette collaboration s'est-elle mise en place ?
Nous nous sommes rencontrés pour la première fois en 2010 alors que nous tournions tous les deux au Japon, et près d'un an plus tard nous avons décidé de travailler ensemble en nous échangeant des fichiers. Il s'est avéré que nous arrivions très facilement à créer de la musique ensemble, et nous avons rapidement composé les titres de notre premier EP avant de partir en tournée ensemble à travers les Pays Bas et la Belgique.
Est-ce une collaboration que vous envisagez de développer davantage ?
Dans un premier temps, nous avions prévu d'enregistrer trois EP ensemble, ce qui fait qu'il nous en reste un, et j'espère qu'après cela nous pourrons continuer à travailler ensemble sous une forme ou une autre.
Comment avez vous trouvé l'équilibre, dans le contexte du live, entre vos deux univers ? A la première écoute on pourrait penser que tu es responsable des drones et des nappes ambient et que Rutger se charge des craquements et des textures plus profondes, mais ce n'est sans doute pas aussi évident que cela...
Quand nous avons préparé la tournée, nous avions l'idée d'essayer d'utiliser un matériau original pour chaque performance, et de nous répéter le moins possible. Après deux ou trois dates, nous commencions tous les deux à arriver au bout des sons que nous avions emporté avec nous, et nous avons donc du devenir nettement plus inventifs pour trouver un nouveau matériau sonore pour chaque concert. A la fin de la tournée, nos samples et nos banques de sons n'avaient plus rien à voir avec ce que nous avions au départ, mais cela a donné à notre musique un aspect frais et plus aléatoire, quelque chose de totalement imprévisible, mais très agréable, parfois même franchement hilarant pour nous. Bien que nous ayons tous deux une expérience solide dans nos propres styles de sons, le fait d'ajouter en permanence des sonorités inattendues à chaque concert a fait que les limites entre Rutger et moi sont devenues de plus en plus floues à mesure que nous avancions.
Jusqu'à une date récente, Celer était un projet plutôt insulaire, avec très peu de collaborations extérieures, et tu sembles maintenant engagé dans une frénésie de partenariats créatifs. Qu'est-ce qui t'a donné l'envie d'ouvrir Celer à d'autres artistes ?
Il y a toujours eu une collaboration en cours à un moment ou un autre, mais celles-ci progressaient bien plus lentement que ma propre musique. Par exemple, Generic City, notre album avec Yui Onodera, a mis près de quatre ans à aboutir. Etre installé à Tokyo m'a beaucoup aidé dans ce sens, car j'ai beaucoup d'amis artistes qui habitent tout près et comme nous nous voyons assez souvent pour donner des concerts ensemble, des collaborations se forment de façon sporadique et sans la pression d'une date butoir ou d'un produit à rendre. Rien que le fait de donner davantage de concerts a largement contribué à cela. Avant de venir au Japon pour la première fois, j'avais du jouer en tout et pour tout cinq fois sur scène. Dans nos premières années, Danielle et moi avons du jouer cinq fois à Los Angeles et c'était tout. Une fois installé à Tokyo, j'ai donné quatre fois plus de concerts en une seule année que pendant toute l'existence antérieure du projet.
La majeure partie de l'oeuvre de Celer est composée de longs titres, avec un développement très lent, mais la trilogie « Dreams » parue l'an dernier, casse cette habitude avec des morceaux très courts, et des ambiances plus resserrées...
La série des Dreams était une tentative de travailler avec un format et une structure très différents, en me focalisant sur des pièces très courtes, avec des mouvements imprévisibles et peu ou pas du tout de direction identifiable. Je les ai construits aussi proches que possible de la structure des rêves et des souvenirs, qui apparaissent souvent disjoints. Mais par de nombreux aspects, ils sont similaires à mes morceaux plus longs, sans les notions de répétition dans la durée, mais plutôt avec une seule apparition de chaque section. Habituellement, dans mes morceaux longs, les éléments sont assemblés de la même manière, mais la répétition construit une structure et donne une plus grnade longévité à ces moments. Cette trilogie abandonne simplement cette notion, essaie même d'y être aussi opposée que possible, sans perdre pour autant la beauté intérieure des morceaux.
Tu t'es installé au Japon il y a deux ans. Qu'est ce qui a motivé ce déménagement ?
A la fin 2009, j'ai quitté la Californie pour rentrer passer du temps dans la maison de mon enfance avec ma famille et me reconstruire après tout ce qui s'était passé. Mon père était en train de mourir d'un cancer à cette période, il était donc important que je sois à ses côtés. Après être resté là bas un an, je suis parti au Japon pour faire une tournée avec Yui Onodera suite à la sortie de Generic City. A l'époque, j'avais déjà prévu de partir m'installer quelque part pour recommencer à vivre, trouver une nouvelle inspiration et un nouvel avenir. Lorsque je suis arrivé au Japon, j'y ai retrouvé un tas d'amis de longue date, et le pays, ses habitants, les possibilités qu'il m'offrait, tout semblait correspondre parfaitement à ce que je cherchais. Avant même de quitter le pays pour rentrer chez moi, j'avais déjà décidé de revenir m'y installer. Je n'ai pas regretté une seule fois cette décision depuis lors, et je trouve vraiment les choses très agréables ici. Il est finalement toujours possible de trouver le bonheur, il faut juste parfois du temps et du travail pour y parvenir.
Dans la mesure où l'Orient a toujours tenu une place importante dans la musique de Celer, que ce soit à travers vos voyages, vos field recordings, ou l'implication de Danielle au Tibet et au Népal, penses-tu que le Japon aura le même type d'influence désormais ?
J'espère que le Japon a, sur ma musique et sur moi, de nombreuses influences positives, et je souhaite développer cela de plus en plus dans l'avenir. Le pays est une combinaison incroyable de modernité délirante et d'une nature rurale paisible, ce qui fait que l'inspiration s'y trouve sous des formes sans cesse inattendues. J'ai le sentiment qu'il y a toujours quelque chose de nouveau à découvrir ici.
Ta musique a toujours été un mélange entre éléments organiques, électroniques et field recordings. Est-ce important pour toi de laisser le monde « réel » entrer dans tes créations ?
Même s'il est caché, le monde réel est effectivement toujours présent. Ma musique est aussi littérale que possible, exactement comme un journal, même si cela n'apparait pas forcément au premier plan et peut ne fonctionner que de manière allégorique. Il y a beaucoup d'autres choses que je veux incorporer à ma musique dans l'avenir, afin de faire quelque chose qui n'a jamais été fait auparavant. Nous avons la possibilité de créer de nouveaux mondes, de nouvelles sensations, tout en restant proche de quelque chose auquel les gens peuvent s'identifier, même si le symbolisme de certaines pièces peut m'être aussi étranger qu'aux auditeurs. Les sons ne sont eux mêmes pas toujours prévus, et ce mystère d'une création à l'aveugle peut être très surprenant pour moi. Rien n'est interdit, et le fait de m'ouvrir à ces possibilités permet d'aller plus loin, de découvrir de nouvelles choses inconnues, de redécouvrir la beauté du passé.
As-tu des instruments ou des outils favoris pour travailler ?
Curieusement, je change d'instruments et d'outils très souvent, pour entretenir une certaine originalité, même si les résultats peuvent sonner de manière presque semblable. J'utilise des logiciels incroyablement simples, gratuits pour la plupart, et je n'ai que rarement payé pour quoi que ce soit dans ce domaine. Les instruments varient également beaucoup, et c'est qune diversité que je veux encore accroitre dans l'avenir. Les synthétiseurs et les effets sont changés de manière aléatoire, tout comme les instruments acoustiques. Certaines choses reviennent de temps à autre, mais j'essaye de ne pas trop le prévoir, de voir ce qui arrive avec ce que j'ai sous la main, ou avec ce que j'arrive à trouver. J'ai probablement l'un des studios les plus simples que tu puisses imaginer, et je pense que ça surprendrait pas mal de monde.
Peux-tu nous en dire plus sur ton nouveau projet, Oh, Yoko ?
C'est un projet que j'ai créé avec mon amie Miko pour composer une musique qui tiendrait plus de la pop, mais jouée avec des synthés vintage et des sons trouvés. Nous avons certaines influences, mais tenter de créer quelque chose dans un style totalement différent est un défi nettement plus drôle. Nous prévoyons de nous autoproduire au maximum, et de nous concentrer sur les concerts et la performance. Introduire des styles différents nous aide d'ailleurs sur de nombreux points.
Et pour Celer ?
Dans les mois qui viennent, je dois finir quelques nouveaux albums pour des labels comme Somehow Recordings et Futuresequence, ainsi que des titres pour des compilations. J'espère travailler davantage sur de nouveaux concepts, et j'ai déjà plusieurs albums terminés dans ce sens. Et avec un peu de chance, j'aimerais pouvoir redémarrer mon label prochainement, j'ai hâte de publier d'autres artistes, ainsi que des livres et des films. Il y a beaucoup à faire, mais j'adore le fait d'être à la fois créatif et très occupé. Il est facile de se laisser déborder par le travail et de considérer tout ce que l'on doit faire comme des corvées, et j'essaie de conserver une approche libre et originale des choses, pour que chaque jour soit une nouvelle inspiration. Rien que le fait de marcher dans la ville constitue une nouvelle expérience quotidienne.
Site
Bandcamp
Nous nous sommes rencontrés pour la première fois en 2010 alors que nous tournions tous les deux au Japon, et près d'un an plus tard nous avons décidé de travailler ensemble en nous échangeant des fichiers. Il s'est avéré que nous arrivions très facilement à créer de la musique ensemble, et nous avons rapidement composé les titres de notre premier EP avant de partir en tournée ensemble à travers les Pays Bas et la Belgique.
Est-ce une collaboration que vous envisagez de développer davantage ?
Dans un premier temps, nous avions prévu d'enregistrer trois EP ensemble, ce qui fait qu'il nous en reste un, et j'espère qu'après cela nous pourrons continuer à travailler ensemble sous une forme ou une autre.
Comment avez vous trouvé l'équilibre, dans le contexte du live, entre vos deux univers ? A la première écoute on pourrait penser que tu es responsable des drones et des nappes ambient et que Rutger se charge des craquements et des textures plus profondes, mais ce n'est sans doute pas aussi évident que cela...
Quand nous avons préparé la tournée, nous avions l'idée d'essayer d'utiliser un matériau original pour chaque performance, et de nous répéter le moins possible. Après deux ou trois dates, nous commencions tous les deux à arriver au bout des sons que nous avions emporté avec nous, et nous avons donc du devenir nettement plus inventifs pour trouver un nouveau matériau sonore pour chaque concert. A la fin de la tournée, nos samples et nos banques de sons n'avaient plus rien à voir avec ce que nous avions au départ, mais cela a donné à notre musique un aspect frais et plus aléatoire, quelque chose de totalement imprévisible, mais très agréable, parfois même franchement hilarant pour nous. Bien que nous ayons tous deux une expérience solide dans nos propres styles de sons, le fait d'ajouter en permanence des sonorités inattendues à chaque concert a fait que les limites entre Rutger et moi sont devenues de plus en plus floues à mesure que nous avancions.
Jusqu'à une date récente, Celer était un projet plutôt insulaire, avec très peu de collaborations extérieures, et tu sembles maintenant engagé dans une frénésie de partenariats créatifs. Qu'est-ce qui t'a donné l'envie d'ouvrir Celer à d'autres artistes ?
Il y a toujours eu une collaboration en cours à un moment ou un autre, mais celles-ci progressaient bien plus lentement que ma propre musique. Par exemple, Generic City, notre album avec Yui Onodera, a mis près de quatre ans à aboutir. Etre installé à Tokyo m'a beaucoup aidé dans ce sens, car j'ai beaucoup d'amis artistes qui habitent tout près et comme nous nous voyons assez souvent pour donner des concerts ensemble, des collaborations se forment de façon sporadique et sans la pression d'une date butoir ou d'un produit à rendre. Rien que le fait de donner davantage de concerts a largement contribué à cela. Avant de venir au Japon pour la première fois, j'avais du jouer en tout et pour tout cinq fois sur scène. Dans nos premières années, Danielle et moi avons du jouer cinq fois à Los Angeles et c'était tout. Une fois installé à Tokyo, j'ai donné quatre fois plus de concerts en une seule année que pendant toute l'existence antérieure du projet.
La majeure partie de l'oeuvre de Celer est composée de longs titres, avec un développement très lent, mais la trilogie « Dreams » parue l'an dernier, casse cette habitude avec des morceaux très courts, et des ambiances plus resserrées...
La série des Dreams était une tentative de travailler avec un format et une structure très différents, en me focalisant sur des pièces très courtes, avec des mouvements imprévisibles et peu ou pas du tout de direction identifiable. Je les ai construits aussi proches que possible de la structure des rêves et des souvenirs, qui apparaissent souvent disjoints. Mais par de nombreux aspects, ils sont similaires à mes morceaux plus longs, sans les notions de répétition dans la durée, mais plutôt avec une seule apparition de chaque section. Habituellement, dans mes morceaux longs, les éléments sont assemblés de la même manière, mais la répétition construit une structure et donne une plus grnade longévité à ces moments. Cette trilogie abandonne simplement cette notion, essaie même d'y être aussi opposée que possible, sans perdre pour autant la beauté intérieure des morceaux.
Tu t'es installé au Japon il y a deux ans. Qu'est ce qui a motivé ce déménagement ?
A la fin 2009, j'ai quitté la Californie pour rentrer passer du temps dans la maison de mon enfance avec ma famille et me reconstruire après tout ce qui s'était passé. Mon père était en train de mourir d'un cancer à cette période, il était donc important que je sois à ses côtés. Après être resté là bas un an, je suis parti au Japon pour faire une tournée avec Yui Onodera suite à la sortie de Generic City. A l'époque, j'avais déjà prévu de partir m'installer quelque part pour recommencer à vivre, trouver une nouvelle inspiration et un nouvel avenir. Lorsque je suis arrivé au Japon, j'y ai retrouvé un tas d'amis de longue date, et le pays, ses habitants, les possibilités qu'il m'offrait, tout semblait correspondre parfaitement à ce que je cherchais. Avant même de quitter le pays pour rentrer chez moi, j'avais déjà décidé de revenir m'y installer. Je n'ai pas regretté une seule fois cette décision depuis lors, et je trouve vraiment les choses très agréables ici. Il est finalement toujours possible de trouver le bonheur, il faut juste parfois du temps et du travail pour y parvenir.
Dans la mesure où l'Orient a toujours tenu une place importante dans la musique de Celer, que ce soit à travers vos voyages, vos field recordings, ou l'implication de Danielle au Tibet et au Népal, penses-tu que le Japon aura le même type d'influence désormais ?
J'espère que le Japon a, sur ma musique et sur moi, de nombreuses influences positives, et je souhaite développer cela de plus en plus dans l'avenir. Le pays est une combinaison incroyable de modernité délirante et d'une nature rurale paisible, ce qui fait que l'inspiration s'y trouve sous des formes sans cesse inattendues. J'ai le sentiment qu'il y a toujours quelque chose de nouveau à découvrir ici.
Ta musique a toujours été un mélange entre éléments organiques, électroniques et field recordings. Est-ce important pour toi de laisser le monde « réel » entrer dans tes créations ?
Même s'il est caché, le monde réel est effectivement toujours présent. Ma musique est aussi littérale que possible, exactement comme un journal, même si cela n'apparait pas forcément au premier plan et peut ne fonctionner que de manière allégorique. Il y a beaucoup d'autres choses que je veux incorporer à ma musique dans l'avenir, afin de faire quelque chose qui n'a jamais été fait auparavant. Nous avons la possibilité de créer de nouveaux mondes, de nouvelles sensations, tout en restant proche de quelque chose auquel les gens peuvent s'identifier, même si le symbolisme de certaines pièces peut m'être aussi étranger qu'aux auditeurs. Les sons ne sont eux mêmes pas toujours prévus, et ce mystère d'une création à l'aveugle peut être très surprenant pour moi. Rien n'est interdit, et le fait de m'ouvrir à ces possibilités permet d'aller plus loin, de découvrir de nouvelles choses inconnues, de redécouvrir la beauté du passé.
As-tu des instruments ou des outils favoris pour travailler ?
Curieusement, je change d'instruments et d'outils très souvent, pour entretenir une certaine originalité, même si les résultats peuvent sonner de manière presque semblable. J'utilise des logiciels incroyablement simples, gratuits pour la plupart, et je n'ai que rarement payé pour quoi que ce soit dans ce domaine. Les instruments varient également beaucoup, et c'est qune diversité que je veux encore accroitre dans l'avenir. Les synthétiseurs et les effets sont changés de manière aléatoire, tout comme les instruments acoustiques. Certaines choses reviennent de temps à autre, mais j'essaye de ne pas trop le prévoir, de voir ce qui arrive avec ce que j'ai sous la main, ou avec ce que j'arrive à trouver. J'ai probablement l'un des studios les plus simples que tu puisses imaginer, et je pense que ça surprendrait pas mal de monde.
Peux-tu nous en dire plus sur ton nouveau projet, Oh, Yoko ?
C'est un projet que j'ai créé avec mon amie Miko pour composer une musique qui tiendrait plus de la pop, mais jouée avec des synthés vintage et des sons trouvés. Nous avons certaines influences, mais tenter de créer quelque chose dans un style totalement différent est un défi nettement plus drôle. Nous prévoyons de nous autoproduire au maximum, et de nous concentrer sur les concerts et la performance. Introduire des styles différents nous aide d'ailleurs sur de nombreux points.
Et pour Celer ?
Dans les mois qui viennent, je dois finir quelques nouveaux albums pour des labels comme Somehow Recordings et Futuresequence, ainsi que des titres pour des compilations. J'espère travailler davantage sur de nouveaux concepts, et j'ai déjà plusieurs albums terminés dans ce sens. Et avec un peu de chance, j'aimerais pouvoir redémarrer mon label prochainement, j'ai hâte de publier d'autres artistes, ainsi que des livres et des films. Il y a beaucoup à faire, mais j'adore le fait d'être à la fois créatif et très occupé. Il est facile de se laisser déborder par le travail et de considérer tout ce que l'on doit faire comme des corvées, et j'essaie de conserver une approche libre et originale des choses, pour que chaque jour soit une nouvelle inspiration. Rien que le fait de marcher dans la ville constitue une nouvelle expérience quotidienne.
Site
Bandcamp
Un an avec Celer
Naviguer dans la discographie de Celer tient du parcours d’obstacles, dont l’un et non le moindre, est l’extraordinaire prolixité de Will Long qui, en compagnie de son épouse Danielle Bacquet, décédée en 2009, puis en solo, a enregistré plus de cinquante cinq albums et vingt EP, une liste qui ne fait que s’allonger semaine après semaine. Prolifique, mais finalement très discret, Will Long n’a que rarement cherché à être publié sur des labels installés, et c’est pour leur majeure partie en auto-éditions, dans des tirages ridiculement petits, mais sous forme d’objets délicatement réalisés, que sont parus l’essentiel des travaux composés durant les premières années de Celer, avant que leur créateur, désormais seul maître à bord et relocalisé au Japon ne décide de prendre les choses en main et de commercialiser ses publications par le biais de sa page Bandcamp, certains disques (mais pas tous, loin de là), étant en parallèle édités sous forme de LP. Tout ceci aurait déjà de quoi donner des sueurs froides au fan complétiste de l’un des projets ambient les plus attachants de ces dix dernières années, mais la situation se complique encore dès lors que Will Long, afin d’obtenir les fonds nécessaires à la réédition des albums de Chubby Wolf (le projet solo de sa défunte compagne), a décidé de diffuser à nouveau, via Bandcamp, certains albums de Celer largement augmentés de pistes mises de côté à l’époque ou entièrement reconfigurés. Tandis de suivre à la trace Celer pendant un an, c’est donc se confronter à une discographie incroyablement foisonnante, où se mêlent nouvelles compositions et titres retrouvés, œuvres en duo ou en solo, tirages limités ou séries de fichiers. Une tâche ardue, que nous entreprenons ici même, en tentant, autant que faire se peut, de laisser émerger la singularité de Celer.
Cycles
Black Vinyls
Série en cinq volets partageant le même visuel entièrement noir, les Black Vinyls, qui vont très prochainement voir le jour sous la forme de cinq LP limités à cent exemplaires, devenant la première série physique autoproduite et autofinancée par Celer sont parallèlement disponibles en ligne sous forme de fichier, constituant, en quelque sorte, le premier bloc du Celer nouvelle formule
Ever, Irreplaceable Beauty : Dès les premières secondes, le ton est donné. Les nappes s'affirment immédiatement, fortes, affichées, et exposent leurs variations qui vont se dérouler, se répétant et s'annihilant au fil des deux titres occupant chacun une face de vinyle. On n'est pas ici dans une ambient aérienne et discrète, destinée à un habillage de l'espace, mais bien dans une musique sombre, qui occupe tout l'espace, vrombit parfois, sature ailleurs, et tisse du drame dans le presque rien. Un rien de ténèbres en plus, et on aurait presque pu qualifier Ever, Irreplaceable Beauty de dark ambient.
Foolish Causes of Fail and Ruin : Avec grosso modo les mêmes ingrédients, Will Long ose ici le lyrisme qu'il s'interdisait sur Ever, Irreplaceable Beauty. Les nappes denses s'ornent de minuscules mélodies dévorées par l'entropie, et les quelques espaces libérés laissent poindre une certaine mélancolie. Tout simplement superbe !
Relief and Altruism : Un nouveau pas vers la lumière pour Will Long, qui dépouille encore un peu plus la palette, réduit toujours davantage la fréquence des variations et laisse à une simple nappe, quasi statique et répétée sur les deux faces, le soin de porter une émotion toujours prégnante avant qu'elle ne se voie peu à peu submergée par un retour à l'ombre.
An Immensity Merely to save Life : Sans doute le plus mélancolique de toute la série, An Immensity Merely to save Life fait émerger des mélodies, des sons issus d'un passé lointain (on pense parfois ici à The Caretaker capté à travers un gramophone démantibulé) tandis que se coagule tout autour de larges pans d'obscurité qui replongent pour un temps Celer dans la nuit. Heureusement, survient la deuxième pièce “Gusts of hysterical Petulance” qui ouvre en grand les fenêtres et laisse se dissoudre les vapeurs méphitiques.
Diving into the Plasma Pool : Dernier volet de la série, Diving into the Plasma Pool prend des allures élégiaques. Nulle trace ici, du drame qui a occupé les précédents volets, Will Long ressort purifié, comme après une longue méditation. Confronté à la mort, à sa propre finitude, il a ici brillamment utilisé son art pour se réinventer en profondeur et transcencer son expérience passée, s'offrant un nouvel avenir. Rarement l'ambient aura été si intime, et à la fois si universelle, aura pu autant nous parler sans user de mots. A écouter si possible d'une seule traite, la série des Black Vynils, où titres et ambiances se répondent sans cesse, est un authentique chef d'oeuvre.
Dreams
D'entre les Morts / Evening / Interiors : Avec cette série, il importe d'oublier ce que l'on connait de Celer. Aux constructions étirées par la répétion, Will Long préfère ici le format court, voire très court, et l'accumulation de titres, comme autant de miniatures oniriques. Impossible de les considérer d'ailleurs séparément, car ils constituent un tout : les titres sont courts, ne dépassant souvent qu'à peine la minute, et se basent le plus souvent sur une ambiance, ou un son. Pas de narration ici, juste des instantanés disjoints, comme la substance des rêves. Pourtant, malgré cette diversité apparent, on est pris par une sensation de flottement assez agréable, comme si tous ces instants ne devaient en définitive constituer qu'une seule longue nuit avec ses hauts et ses bas.
Série en cinq volets partageant le même visuel entièrement noir, les Black Vinyls, qui vont très prochainement voir le jour sous la forme de cinq LP limités à cent exemplaires, devenant la première série physique autoproduite et autofinancée par Celer sont parallèlement disponibles en ligne sous forme de fichier, constituant, en quelque sorte, le premier bloc du Celer nouvelle formule
Ever, Irreplaceable Beauty : Dès les premières secondes, le ton est donné. Les nappes s'affirment immédiatement, fortes, affichées, et exposent leurs variations qui vont se dérouler, se répétant et s'annihilant au fil des deux titres occupant chacun une face de vinyle. On n'est pas ici dans une ambient aérienne et discrète, destinée à un habillage de l'espace, mais bien dans une musique sombre, qui occupe tout l'espace, vrombit parfois, sature ailleurs, et tisse du drame dans le presque rien. Un rien de ténèbres en plus, et on aurait presque pu qualifier Ever, Irreplaceable Beauty de dark ambient.
Foolish Causes of Fail and Ruin : Avec grosso modo les mêmes ingrédients, Will Long ose ici le lyrisme qu'il s'interdisait sur Ever, Irreplaceable Beauty. Les nappes denses s'ornent de minuscules mélodies dévorées par l'entropie, et les quelques espaces libérés laissent poindre une certaine mélancolie. Tout simplement superbe !
Relief and Altruism : Un nouveau pas vers la lumière pour Will Long, qui dépouille encore un peu plus la palette, réduit toujours davantage la fréquence des variations et laisse à une simple nappe, quasi statique et répétée sur les deux faces, le soin de porter une émotion toujours prégnante avant qu'elle ne se voie peu à peu submergée par un retour à l'ombre.
An Immensity Merely to save Life : Sans doute le plus mélancolique de toute la série, An Immensity Merely to save Life fait émerger des mélodies, des sons issus d'un passé lointain (on pense parfois ici à The Caretaker capté à travers un gramophone démantibulé) tandis que se coagule tout autour de larges pans d'obscurité qui replongent pour un temps Celer dans la nuit. Heureusement, survient la deuxième pièce “Gusts of hysterical Petulance” qui ouvre en grand les fenêtres et laisse se dissoudre les vapeurs méphitiques.
Diving into the Plasma Pool : Dernier volet de la série, Diving into the Plasma Pool prend des allures élégiaques. Nulle trace ici, du drame qui a occupé les précédents volets, Will Long ressort purifié, comme après une longue méditation. Confronté à la mort, à sa propre finitude, il a ici brillamment utilisé son art pour se réinventer en profondeur et transcencer son expérience passée, s'offrant un nouvel avenir. Rarement l'ambient aura été si intime, et à la fois si universelle, aura pu autant nous parler sans user de mots. A écouter si possible d'une seule traite, la série des Black Vynils, où titres et ambiances se répondent sans cesse, est un authentique chef d'oeuvre.
Dreams
D'entre les Morts / Evening / Interiors : Avec cette série, il importe d'oublier ce que l'on connait de Celer. Aux constructions étirées par la répétion, Will Long préfère ici le format court, voire très court, et l'accumulation de titres, comme autant de miniatures oniriques. Impossible de les considérer d'ailleurs séparément, car ils constituent un tout : les titres sont courts, ne dépassant souvent qu'à peine la minute, et se basent le plus souvent sur une ambiance, ou un son. Pas de narration ici, juste des instantanés disjoints, comme la substance des rêves. Pourtant, malgré cette diversité apparent, on est pris par une sensation de flottement assez agréable, comme si tous ces instants ne devaient en définitive constituer qu'une seule longue nuit avec ses hauts et ses bas.
Albums inédits
Butterflies : Avec sa “pochette”, cliché en noir et blanc décadré et sans attrait d'une épaule féminine dénudé dans un intérieur quelconque, et sa sortie uniquement en ligne fleurant bon le netlabel débutant, Butterflies ne payait pas de mine lorsqu'il est apparu sur la page bandcamp de Celer. Et pourtant, mine de rien, cet album est un monument qui n'aurait sans doute jamais vu le jour dans un autre contexte. Ne serait-ce que par sa durée, ses cinq titres évoluant tous autour de quarante minutes, et l'ensemble démontrant un minimalisme alors rarement atteint par Celer. Dépouillés à l'extrême, les cinq titres de Butterflies sont de longues explorations ambient à l'évolution aussi rare que lente, où le drone affleure en permanence la surface. Musique de l'absence sans doute, dont on devine la dimension cathartique pour Will Long, Butterflies est un album profondément immersif, qui demande d'être apprécié dans sa globalité pour prendre sa pleine valeur méditative.
Endes : Album inédit composé en 2006 pour un LP qui ne vit jamais le jour, Endes se décompose en deux longs titres, un par face, et appartient à la veine “ambient nostalgique” du duo. Les nappes, répétées et étirées, se déroulent lentement sur un champ de drones, duquel affleurent de temps à autre des mélodies mélancoliques et minimales. On préférera largement la seconde face, “Impossible to say, appropriately unbelievable” de ce qui, malgré ses qualités, demeure un album mineur de Celer.
Spumes mistaken for Snow : Encore un album inédit, et qui plus est, incomplet, Spumes mistaken for Snow aurait du intégrer, en parallèle de ses boucles ambient et de ses drones, un field recording enregistré durant une tempête de neige dans une maison au Népal, hélas définitivement perdu du fait de la détérioration de la bande. Privé des sons du plancher qui craque, du feu dans la cheminée et du vent qui souffle en rafales, Spumes mistaken for Snow apparait étrangement dépouillé, le duo ayant choisi initialement d'atténuer la présence de ses interventions sonores pour laisser le plus de place possible au field recording. Il n'en demeure pas moins une superbe pièce d'ambient tout en finesse et en recueillement.
Caves with no Faces : Expérimentation sur le format court, dont Celer n'est pas si coutumier que cela, Caves with no Faces aurait du être un sept pouces qui n'a jamais été publié. Ce qui est étrange, si l'on considère que ses quatre pistes brèves dévoilent en quelques minutes tout l'art de Will Long. Des superpositions fines de nappes, un jeu subtil sur les profondeurs et les mises en avant, une mélancolie omniprésente, tout y est !
Constructions : Enregistré en 2007 en Californie et censé constituer la suite de Sieline, Constructions est demeuré inédit pendant quatre ans, du fait selon Will Long, « de concepts trop vagues et de notre propre fainéantise ». Constitué exclusivement à partir de field recordings pris dans des rues bruyantes, sur des sites de construction ou des raffineries pétrolières, Constructions est un peu la face obscure de Celer. Là où le duo nous avait habitué à des climats amples et sereins, voici qu'arrivent des ambiances compressées, des envolées contrariées par des vrombissements sourds. Celer ici a les pieds pris dans la chape bétonnée et ne s'en évade jamais, le quasi silence qui occupe toute une partie de cette longue composition de près de cinquante minutes étant lui-même comme étouffé, forcé. Plutôt inconfortable, Constructions mérite que l'on s'y penche, même si on comprend que le duo l'ait alors négligé.
Dearest Ices : Composé en plusieurs périodes, en partie en duo et en partie en solo entre 2007 et 2011, Dearest Ices joue sur les arrière-plans, seuls lieux vraiment animé d'un disque où tout se joue en deçà d'une chape de glace battue par les vents. Des surfaces sonores lancinantes, sous lesquelles bouillonnent des mélodies indistinctes, des coulées d'air et d'eau. On parle souvent de musique polaire, et Celer, sans en adopter l'imagerie puisqu'il va jusqu'à faire figurer des feux d'artifice en visuel de l'album, en donne ici une brillante illustration.
The Raw Energy of : Difficile de faire plus minimal que ce EP de Celer qui, pour son titre unique offre, en tout et pour tout, une boucle répétée sur près de vingt minutes. On aurait presque pu les accuser ici de fainéantise si les choses avaient été aussi simples, mais il suffit de jeter un oeil sur le Bouddha qui illustre le EP pour deviner l'objectif d'aide à la méditation visé ici par Celer, objectif amplement atteint ici. Assis en tailleur, l'esprit vide, on peut se laisser envahir par la répétition qui agit ici comme un mantra, et constater, au fil du temps qui s'écoule, que notre esprit et notre souffle s'alignent sur les sons, jusqu'à leurs plus petites arythmies qui font de The Raw Energy of bien plus que de la simple musique fonctionnelle.
Chirp : Autre particularité dans l'oeuvre de Celer, Chirp, qui est l'une des des dernières oeuvres réalisées par le couple avant le décès de Danielle, a été créé pour une seule personne, un habitant de Los Angeles désirant une musique pour le vernissage d'une exposition privée située dans son domicile, une maison entièrement entourée de forêts. C'est d'ailleurs ce contexte qui inspira Celer et les poussa à prendre pour seule source sonore de Chirp des chants d'oiseaux, et plus précisément celui d'oisillons enregistrés dans leur nid près du studio du duo. Largement retravaillé à l'aide de divers effets, le chant des oiseaux est ainsi la plupart du temps difficilement identifiable, même s'il perce par moments la surface de nappes riches et texturées évoluant très lentement en ouvrant des espaces sonores sur leur passage . Oeuvre ambiante, dans le plus pur sens du terme, Chirp est conçu selon Will Long pour être joué en mode répétition aléatoire à bas volume, la configuration idéale étant même de placer deux petits hauts parleurs de chaque côté d'une fenêtre pour laisser les sons extérieurs du vent et des “vrais” oiseaux se mélanger à ceux du disque. Une rareté, dont l'apparition n'est aujourd'hui possible que suite au décès de la personne qui l'avait initialement commandé, et dont les proches ont autorisé la diffusion.
Menggayakan : Réunion, en une seule piste, comme Celer le fait désormais souvent, de ce qui avait du être prévu comme onze titres distincts, Menggayakan prend son origine dans un voyage réalisé en 2010 à Djakarta par Will Long où il a accumulé quantité de field recordings. Intéressante résurgence des premières années de Celer, son long morceau fait ainsi voisiner boucles étirées et répétitives, activités du quotidien et enregistrements de bruits de rues surpeuplées (on y entend même une manifestation anti-américaine). Impeccable, si l'on excepte la juxtaposition forcée des titres qui ne parviennent pas toujours à se fondre dans un tout homogène.
Windows : Exemple typique de la manière de faire de Celer, et de leur attirance pour les limitations de tout type, Windows a été créé, comme son nom l'indique à partir d'un vieux PC tournant sous Windows 3.1 en 2007. Déjà largement obsolète à l'époque où les époux Long s'en sont emparés, l'ordinateur ne disposait alors que de quatre sons intégrés, qui ont été les seuls utilisés pour ce EP. Sans la moindre source sonore ajoutée, et sans même avoir recours à un quelconque logiciel de son (juste quelques pédales d'effets et de filtres), Will et Danielle se sont contentés de faire jouer les quatre sons fournis en boucle, de les ouvrir et de les superposer de multiples fois, poussant l'ordinateur aux limites de ses capacités, jusqu'à ce qu'il plante et que le son se fige, et que le PC, après plusieurs jours de ce traitement finisse par périr pour de bon. Pourtant, Windows, s'il porte bien la trace de ses sources sonores restreintes et se révèle moins riche que l'univers habituel de Celer n'en est pas moins très éloigné du glitch auquel on pouvait s'attendre, et déroule plutôt ses drones minimaux dans le vide numérique. Demeuré inédit du fait de “sa brièveté incroyable et de son concept bizarre”, ce EP est une curiosité pourtant non négligeable.
Endes : Album inédit composé en 2006 pour un LP qui ne vit jamais le jour, Endes se décompose en deux longs titres, un par face, et appartient à la veine “ambient nostalgique” du duo. Les nappes, répétées et étirées, se déroulent lentement sur un champ de drones, duquel affleurent de temps à autre des mélodies mélancoliques et minimales. On préférera largement la seconde face, “Impossible to say, appropriately unbelievable” de ce qui, malgré ses qualités, demeure un album mineur de Celer.
Spumes mistaken for Snow : Encore un album inédit, et qui plus est, incomplet, Spumes mistaken for Snow aurait du intégrer, en parallèle de ses boucles ambient et de ses drones, un field recording enregistré durant une tempête de neige dans une maison au Népal, hélas définitivement perdu du fait de la détérioration de la bande. Privé des sons du plancher qui craque, du feu dans la cheminée et du vent qui souffle en rafales, Spumes mistaken for Snow apparait étrangement dépouillé, le duo ayant choisi initialement d'atténuer la présence de ses interventions sonores pour laisser le plus de place possible au field recording. Il n'en demeure pas moins une superbe pièce d'ambient tout en finesse et en recueillement.
Caves with no Faces : Expérimentation sur le format court, dont Celer n'est pas si coutumier que cela, Caves with no Faces aurait du être un sept pouces qui n'a jamais été publié. Ce qui est étrange, si l'on considère que ses quatre pistes brèves dévoilent en quelques minutes tout l'art de Will Long. Des superpositions fines de nappes, un jeu subtil sur les profondeurs et les mises en avant, une mélancolie omniprésente, tout y est !
Constructions : Enregistré en 2007 en Californie et censé constituer la suite de Sieline, Constructions est demeuré inédit pendant quatre ans, du fait selon Will Long, « de concepts trop vagues et de notre propre fainéantise ». Constitué exclusivement à partir de field recordings pris dans des rues bruyantes, sur des sites de construction ou des raffineries pétrolières, Constructions est un peu la face obscure de Celer. Là où le duo nous avait habitué à des climats amples et sereins, voici qu'arrivent des ambiances compressées, des envolées contrariées par des vrombissements sourds. Celer ici a les pieds pris dans la chape bétonnée et ne s'en évade jamais, le quasi silence qui occupe toute une partie de cette longue composition de près de cinquante minutes étant lui-même comme étouffé, forcé. Plutôt inconfortable, Constructions mérite que l'on s'y penche, même si on comprend que le duo l'ait alors négligé.
Dearest Ices : Composé en plusieurs périodes, en partie en duo et en partie en solo entre 2007 et 2011, Dearest Ices joue sur les arrière-plans, seuls lieux vraiment animé d'un disque où tout se joue en deçà d'une chape de glace battue par les vents. Des surfaces sonores lancinantes, sous lesquelles bouillonnent des mélodies indistinctes, des coulées d'air et d'eau. On parle souvent de musique polaire, et Celer, sans en adopter l'imagerie puisqu'il va jusqu'à faire figurer des feux d'artifice en visuel de l'album, en donne ici une brillante illustration.
The Raw Energy of : Difficile de faire plus minimal que ce EP de Celer qui, pour son titre unique offre, en tout et pour tout, une boucle répétée sur près de vingt minutes. On aurait presque pu les accuser ici de fainéantise si les choses avaient été aussi simples, mais il suffit de jeter un oeil sur le Bouddha qui illustre le EP pour deviner l'objectif d'aide à la méditation visé ici par Celer, objectif amplement atteint ici. Assis en tailleur, l'esprit vide, on peut se laisser envahir par la répétition qui agit ici comme un mantra, et constater, au fil du temps qui s'écoule, que notre esprit et notre souffle s'alignent sur les sons, jusqu'à leurs plus petites arythmies qui font de The Raw Energy of bien plus que de la simple musique fonctionnelle.
Chirp : Autre particularité dans l'oeuvre de Celer, Chirp, qui est l'une des des dernières oeuvres réalisées par le couple avant le décès de Danielle, a été créé pour une seule personne, un habitant de Los Angeles désirant une musique pour le vernissage d'une exposition privée située dans son domicile, une maison entièrement entourée de forêts. C'est d'ailleurs ce contexte qui inspira Celer et les poussa à prendre pour seule source sonore de Chirp des chants d'oiseaux, et plus précisément celui d'oisillons enregistrés dans leur nid près du studio du duo. Largement retravaillé à l'aide de divers effets, le chant des oiseaux est ainsi la plupart du temps difficilement identifiable, même s'il perce par moments la surface de nappes riches et texturées évoluant très lentement en ouvrant des espaces sonores sur leur passage . Oeuvre ambiante, dans le plus pur sens du terme, Chirp est conçu selon Will Long pour être joué en mode répétition aléatoire à bas volume, la configuration idéale étant même de placer deux petits hauts parleurs de chaque côté d'une fenêtre pour laisser les sons extérieurs du vent et des “vrais” oiseaux se mélanger à ceux du disque. Une rareté, dont l'apparition n'est aujourd'hui possible que suite au décès de la personne qui l'avait initialement commandé, et dont les proches ont autorisé la diffusion.
Menggayakan : Réunion, en une seule piste, comme Celer le fait désormais souvent, de ce qui avait du être prévu comme onze titres distincts, Menggayakan prend son origine dans un voyage réalisé en 2010 à Djakarta par Will Long où il a accumulé quantité de field recordings. Intéressante résurgence des premières années de Celer, son long morceau fait ainsi voisiner boucles étirées et répétitives, activités du quotidien et enregistrements de bruits de rues surpeuplées (on y entend même une manifestation anti-américaine). Impeccable, si l'on excepte la juxtaposition forcée des titres qui ne parviennent pas toujours à se fondre dans un tout homogène.
Windows : Exemple typique de la manière de faire de Celer, et de leur attirance pour les limitations de tout type, Windows a été créé, comme son nom l'indique à partir d'un vieux PC tournant sous Windows 3.1 en 2007. Déjà largement obsolète à l'époque où les époux Long s'en sont emparés, l'ordinateur ne disposait alors que de quatre sons intégrés, qui ont été les seuls utilisés pour ce EP. Sans la moindre source sonore ajoutée, et sans même avoir recours à un quelconque logiciel de son (juste quelques pédales d'effets et de filtres), Will et Danielle se sont contentés de faire jouer les quatre sons fournis en boucle, de les ouvrir et de les superposer de multiples fois, poussant l'ordinateur aux limites de ses capacités, jusqu'à ce qu'il plante et que le son se fige, et que le PC, après plusieurs jours de ce traitement finisse par périr pour de bon. Pourtant, Windows, s'il porte bien la trace de ses sources sonores restreintes et se révèle moins riche que l'univers habituel de Celer n'en est pas moins très éloigné du glitch auquel on pouvait s'attendre, et déroule plutôt ses drones minimaux dans le vide numérique. Demeuré inédit du fait de “sa brièveté incroyable et de son concept bizarre”, ce EP est une curiosité pourtant non négligeable.
Noctulicent Clouds : Composé comme une suite à Nacreous Clouds entre 2007 et 2009, Noctulicent Clouds n'a finalement jamais été publié en tant que tel. Il faut dire que, là où son modèle, à travers des titres très courts et des boucles finalement vite assimilables, exposait un visage presque “rangé” de Celer, Noctulicent Clouds va beaucoup plus loin dans l'exploration de son concept, à savoir les nuages de la mésosphère. Situés au plus haut point de l'atmosphère terrestre et de ce fait quasiment invisibles, ils n'apparaissent qu'au crépuscule, sous formes de nappes au déplacement très lent. Ça ne vous rappelle rien ? Ayant trouvé dans la nature l'équivalent visuel de ses créations, le duo compose trois longs titres flirtant sans cesse avec le silence, où des sons incroyablement ténus émergent délicatement du vide pour dessiner de fragiles épures colorées.
Close Proximity and the unhindered Care-all : Le plus souvent dissimulés dans la musique de Celer, les field recordings, pourtant omniprésents, sont un élément subliminal, une texture plus qu'autre chose... Sauf sur un album comme Close Proximity and the unhindered Care-all où ils sont au contraire très audibles, et créent une narration complexe au sein des trois titres, interrompant même souvent le flot des nappes ambient pour s'imposer dans leur rôle central. Marche lourde, voix, jeux d'enfants, une mélodie vague fredonnée sur fond de vent et de chants d'oiseaux font ainsi respirer les constructions subtiles de Will Long, dans un disque foncièrement joyeux, où l'on savoure le plaisir de laisser les rayons du soleil jouer sur notre peau, de fermer les yeux et d'écouter, simplement, le monde qui s'anime calmement autour de nous. Un album serein et nécessaire.
Suspended Crescendo : Encore une pièce inédite, créée cette fois-ci pour une performance à Tokyo qui a eu lieu fin 2011. A partir d'une simple boucle de cassette, Will Long ajoute des couches successives de reverbération et d'effets pour prolonger la sensation, rendu explicite par le titre, d'un morceau qui croit sans cesse mais ne redescend jamais, restant suspendu au moment clé de son existence, jusqu'à ce que lui soit imposé une fin radicale. Intéressant dans son concept et son développement, Suspended Crescendo n'est sans doute à voir que comme cela, comme une étude, à laquelle manque à fortiori la notion de l'espace et de ses résonances, et pas comme un EP à part entière de Celer. A noter que les autres morceaux conçus pour cette même performance devraient très prochainement paraitre en vinyl.
Give your best to the World and the World will give its best back to you : Travail de commande, réalisé à l'occasion de la réouverture de l'Alford House, une maison du dix-neuvième siècle située dans le Mississippi, Give your best to the World and the World will give its best back to you avait pour mission d'évoquer le passé tel que la mémoire aurait pu le retenir. A l'instar d'autres pièces réalisées dans des contextes similaires, Will Long joue ici la simplicité, enregistrant une simple boucle répétée pendant plus de trente minutes, et des climats ambient relativement calmes, un “papier peint sonore” comme les defendait Eno. Jouée lors de l'inauguration par un magnétophone à bandes relié à un gramophone qui devait donner une patine supplémentaire à la pièce, Give your best to the World and the World will give its best back to you fonctionne néanmoins parfaitement sans ce dispositif.
Elias : Difficile de savoir qui est exactement le bébé blond figurant sur le visuel du disque, ni même, comme on peut le supposer, s'il s'agit d'Elias, puisque ce EP inédit est composé de cinq titres anonymes, lents et méditatifs. Résonances caverneuses, gongs disséqués et cloches tibétaines sont ici disposés soigneusement dans des morceaux bien trop inconfortables pour être des berceuses pour enfants. La face sombre du new age, si l'on veut, explorée ici avec efficacité par un Will Long peu disert.
Emotion : Créé spécifiquement pour la tournée japonaise de Celer et Illuha en 2011 et limité à dix copies CDR comprenant, entre autres, un bout de la bande magnétique sur laquelle était enregistrée la boucle qui sert de base à Emotion, ce long titre de plus d'une demi heure évolue dans des sphères très aériennes, qui on tendance à se gâter quand les effets appliqués (une reverbération monumentale et des tonnes de delay) font glisser la boucle dans des royaumes plus sombres. Il y a des nuages menaçant dans les cieux d'Emotion, et toute l'art de Celer tient à ce qu'il navigue adroitement entre eux sans paraitre changer de trajectoire pour autant.
Evaporate & Wonder : Publié en vinyle sur le label Experimedia, Evaporate & Wonder, attribué de façon étrange à la fois à Will et à Danielle Long, semble pourtant bien être constitué de deux titres récents, et se fond totalement dans le courant des oeuvres développées par Celer depuis l'installation de Will au Japon. Avec une pièce par face, composées à partir d'improvisations minimales de synthétiseurs et de field recordings si totalement transfigurés qu'ils n'en deviennent que particules sonores, Evaporate & Wonder joue effectivement sur l'évaporation, la dissolution, et très peu de choses viennent s'échapper de la lente décomposition de nappes, dévorées par leur propre existence.
Recumbent in Wishes : Album domestique, créé très rapidement par Will Long à son domicile familial avec pour seules ressources un orgue et un album, Recumbent in Wishes est demeuré inédit jusqu'à maintenant, son auteur le jugeant à la fois trop personnel et trop mélancolique. Il est vrai que les circonstances de sa création, entre le décès de son épouse et l'agonie de son père, colorent largement son titre, qui se laisse aller, plus encore que d'habitude, à la contemplation muette de notes très prolongées, ne semblant les agencer qu'à contrecoeur. Pourtant, comme le précise l'auteur “ même dans les pires moments, on peut trouver la beauté et la lumière”. Et la fin de Recumbent in Wishes, qui semble s'élever vers le ciel, ne peut que lui donner raison.
Tightrope : Dernier album “américain” de Celer, Tightrope est pourtant né au Japon, lors d'une tournée avec Yui Onedera pour leur album commun, Generic City, l'une des rares collaborations de Will Long avant son installation à Tokyo. Utilisé comme source pour une performance donnée dans un temple, il a été finalisé très rapidement aux Etats-Unis avant son émigration japonaise. Présenté sous la forme d'un long titre unique de plus d'une heure, Tightrope est en fait composé de vingt quatre fragments sonores à la complexité croissante, qui s'additionnent au fur et à mesure selon un schéma rigoureux. Evidemment, cette cuisine interne, si elle transparait dans une ambient plus densément peuplée que de coutume, n'est jamais omniprésente, pas plus que ne le sont les nombreuses sources sonores utilisées par Will Long, où se croisent piano, guitare acoustique, glaçons, sons de voitures ou feu de cheminée, le tout étant très largement retraité au sein de nappes liquides animées de lents mouvements de ressac qui . Un disque majeur de la seconde vie de Celer.
In the Finger-Painted Fields of the Eyes : Edité en cassette par le fort recommandable label Prairie Fire Tapes, In the Finger-Painted Fields of the Eyes est sans doute l'album le plus japonais de Celer à ce jour. On y traite de poèmes photographiques, d'absence de forme, et les sons eux même semblent s'évaporer dans un brouillard léger qui en nimbent les formes et font résonner les boucles, pratiquement dépourvues de toute aggressivité ou noirceur (“Negative Swell” étant le seul moment un peu dramatique du disque), à la manière d'un haiku. Désireux de se réinventer en arrivant au Japon, Will Long a su faire sienne l'influence du pays et livre avec cet album une brillante méditation, zen et minimaliste.
Merkin : Dernier album à ce jour de Celer, Merkin est pourtant une résurgence de la première période de création du projet, et un nouvel hommage à son épouse disparue de la part de Will Long. Enregistré il y a cinq ans par le couple, il a été refusé par plusieurs labels avant que le décès de Danielle ne rende longtemps sa parution impossible. Album cher à son auteur, qui y voit l'un des plus personnels qu'il ait jamais réalisé, précisant “ce n'est pas parce que des labels ne veulent pas sortir quelque chose que cela signifie que c'est sans valeur”. Et il a raison, tant Merkin joue à la perfection sur les agencements de drones et de résonances pour créer des espaces sonores dans lesquels peuvent se dérouler des boucles profondes au fil de quinze titres fondus en un seul. Alors certes, il est dépourvu de field recordings discernables, n'a aucune dimension “ethnique” et son dépouillement anticipe de cinq ans la forme actuelle de Celer, mais chaque son, aussi léger soit-il, y a sa place. Un magnifique moyen de clore un cycle tout en ouvrant des pistes nouvelles.
Close Proximity and the unhindered Care-all : Le plus souvent dissimulés dans la musique de Celer, les field recordings, pourtant omniprésents, sont un élément subliminal, une texture plus qu'autre chose... Sauf sur un album comme Close Proximity and the unhindered Care-all où ils sont au contraire très audibles, et créent une narration complexe au sein des trois titres, interrompant même souvent le flot des nappes ambient pour s'imposer dans leur rôle central. Marche lourde, voix, jeux d'enfants, une mélodie vague fredonnée sur fond de vent et de chants d'oiseaux font ainsi respirer les constructions subtiles de Will Long, dans un disque foncièrement joyeux, où l'on savoure le plaisir de laisser les rayons du soleil jouer sur notre peau, de fermer les yeux et d'écouter, simplement, le monde qui s'anime calmement autour de nous. Un album serein et nécessaire.
Suspended Crescendo : Encore une pièce inédite, créée cette fois-ci pour une performance à Tokyo qui a eu lieu fin 2011. A partir d'une simple boucle de cassette, Will Long ajoute des couches successives de reverbération et d'effets pour prolonger la sensation, rendu explicite par le titre, d'un morceau qui croit sans cesse mais ne redescend jamais, restant suspendu au moment clé de son existence, jusqu'à ce que lui soit imposé une fin radicale. Intéressant dans son concept et son développement, Suspended Crescendo n'est sans doute à voir que comme cela, comme une étude, à laquelle manque à fortiori la notion de l'espace et de ses résonances, et pas comme un EP à part entière de Celer. A noter que les autres morceaux conçus pour cette même performance devraient très prochainement paraitre en vinyl.
Give your best to the World and the World will give its best back to you : Travail de commande, réalisé à l'occasion de la réouverture de l'Alford House, une maison du dix-neuvième siècle située dans le Mississippi, Give your best to the World and the World will give its best back to you avait pour mission d'évoquer le passé tel que la mémoire aurait pu le retenir. A l'instar d'autres pièces réalisées dans des contextes similaires, Will Long joue ici la simplicité, enregistrant une simple boucle répétée pendant plus de trente minutes, et des climats ambient relativement calmes, un “papier peint sonore” comme les defendait Eno. Jouée lors de l'inauguration par un magnétophone à bandes relié à un gramophone qui devait donner une patine supplémentaire à la pièce, Give your best to the World and the World will give its best back to you fonctionne néanmoins parfaitement sans ce dispositif.
Elias : Difficile de savoir qui est exactement le bébé blond figurant sur le visuel du disque, ni même, comme on peut le supposer, s'il s'agit d'Elias, puisque ce EP inédit est composé de cinq titres anonymes, lents et méditatifs. Résonances caverneuses, gongs disséqués et cloches tibétaines sont ici disposés soigneusement dans des morceaux bien trop inconfortables pour être des berceuses pour enfants. La face sombre du new age, si l'on veut, explorée ici avec efficacité par un Will Long peu disert.
Emotion : Créé spécifiquement pour la tournée japonaise de Celer et Illuha en 2011 et limité à dix copies CDR comprenant, entre autres, un bout de la bande magnétique sur laquelle était enregistrée la boucle qui sert de base à Emotion, ce long titre de plus d'une demi heure évolue dans des sphères très aériennes, qui on tendance à se gâter quand les effets appliqués (une reverbération monumentale et des tonnes de delay) font glisser la boucle dans des royaumes plus sombres. Il y a des nuages menaçant dans les cieux d'Emotion, et toute l'art de Celer tient à ce qu'il navigue adroitement entre eux sans paraitre changer de trajectoire pour autant.
Evaporate & Wonder : Publié en vinyle sur le label Experimedia, Evaporate & Wonder, attribué de façon étrange à la fois à Will et à Danielle Long, semble pourtant bien être constitué de deux titres récents, et se fond totalement dans le courant des oeuvres développées par Celer depuis l'installation de Will au Japon. Avec une pièce par face, composées à partir d'improvisations minimales de synthétiseurs et de field recordings si totalement transfigurés qu'ils n'en deviennent que particules sonores, Evaporate & Wonder joue effectivement sur l'évaporation, la dissolution, et très peu de choses viennent s'échapper de la lente décomposition de nappes, dévorées par leur propre existence.
Recumbent in Wishes : Album domestique, créé très rapidement par Will Long à son domicile familial avec pour seules ressources un orgue et un album, Recumbent in Wishes est demeuré inédit jusqu'à maintenant, son auteur le jugeant à la fois trop personnel et trop mélancolique. Il est vrai que les circonstances de sa création, entre le décès de son épouse et l'agonie de son père, colorent largement son titre, qui se laisse aller, plus encore que d'habitude, à la contemplation muette de notes très prolongées, ne semblant les agencer qu'à contrecoeur. Pourtant, comme le précise l'auteur “ même dans les pires moments, on peut trouver la beauté et la lumière”. Et la fin de Recumbent in Wishes, qui semble s'élever vers le ciel, ne peut que lui donner raison.
Tightrope : Dernier album “américain” de Celer, Tightrope est pourtant né au Japon, lors d'une tournée avec Yui Onedera pour leur album commun, Generic City, l'une des rares collaborations de Will Long avant son installation à Tokyo. Utilisé comme source pour une performance donnée dans un temple, il a été finalisé très rapidement aux Etats-Unis avant son émigration japonaise. Présenté sous la forme d'un long titre unique de plus d'une heure, Tightrope est en fait composé de vingt quatre fragments sonores à la complexité croissante, qui s'additionnent au fur et à mesure selon un schéma rigoureux. Evidemment, cette cuisine interne, si elle transparait dans une ambient plus densément peuplée que de coutume, n'est jamais omniprésente, pas plus que ne le sont les nombreuses sources sonores utilisées par Will Long, où se croisent piano, guitare acoustique, glaçons, sons de voitures ou feu de cheminée, le tout étant très largement retraité au sein de nappes liquides animées de lents mouvements de ressac qui . Un disque majeur de la seconde vie de Celer.
In the Finger-Painted Fields of the Eyes : Edité en cassette par le fort recommandable label Prairie Fire Tapes, In the Finger-Painted Fields of the Eyes est sans doute l'album le plus japonais de Celer à ce jour. On y traite de poèmes photographiques, d'absence de forme, et les sons eux même semblent s'évaporer dans un brouillard léger qui en nimbent les formes et font résonner les boucles, pratiquement dépourvues de toute aggressivité ou noirceur (“Negative Swell” étant le seul moment un peu dramatique du disque), à la manière d'un haiku. Désireux de se réinventer en arrivant au Japon, Will Long a su faire sienne l'influence du pays et livre avec cet album une brillante méditation, zen et minimaliste.
Merkin : Dernier album à ce jour de Celer, Merkin est pourtant une résurgence de la première période de création du projet, et un nouvel hommage à son épouse disparue de la part de Will Long. Enregistré il y a cinq ans par le couple, il a été refusé par plusieurs labels avant que le décès de Danielle ne rende longtemps sa parution impossible. Album cher à son auteur, qui y voit l'un des plus personnels qu'il ait jamais réalisé, précisant “ce n'est pas parce que des labels ne veulent pas sortir quelque chose que cela signifie que c'est sans valeur”. Et il a raison, tant Merkin joue à la perfection sur les agencements de drones et de résonances pour créer des espaces sonores dans lesquels peuvent se dérouler des boucles profondes au fil de quinze titres fondus en un seul. Alors certes, il est dépourvu de field recordings discernables, n'a aucune dimension “ethnique” et son dépouillement anticipe de cinq ans la forme actuelle de Celer, mais chaque son, aussi léger soit-il, y a sa place. Un magnifique moyen de clore un cycle tout en ouvrant des pistes nouvelles.
Rééditions
Capri : Initialement paru en 2009 à tout juste quatre cent copies sur le label Humming Conch, Capri fait partie de ces albums dont Will Long pense qu'il méritait une réédition augmentée, quitte à changer radicalement l'ordre des titres, et donc l'expérience qu'on pouvait en avoir, à cette occasion. Un director's cut, en quelque sorte, qui aurait du sortir sous la forme d'un triple LP en 2010 et a été remasterisé pour l'occasion par Stephan Mathieu, mais qui n'a jamais vu le jour du fait des coûts de production trop élevés. Passant d'un seul coup de vingt neuf à trente sept titres, Capri retrouve donc l'aspect qu'il aurait toujours du avoir, ses titres tenant plus de la miniature (les plus courts dépassent à peine les trente secondes) dessinant comme autant de visions fragmentaires du paysage, autant d'instants capturés dans la chaleur du soleil qui en délave également les couleurs et les tons.
Engaged Touches (Expanded Edition) : Autre album largement retouché par Will Long, Engaged Touches est passé de deux titres avoisinnant à eux deux les soixante minutes sur sa version CD publiée par Home Normal en 2009, à six titres qui approchent les cent minutes. Redécoupé dans l'éventualité d'une réédition en triple LP, en six titres figurant les six faces d'un disque qui ne verra peut-être physiquement jamais le jour, Engaged Touches prend ici une ampleur qui lui manquait, Will Long le reconstruisant littétalement à partir des boucles et des pistes alternatives enregistrées à l'époque et laissées de côté. Il devient ainsi comme un voyage, s'ouvrant sur des bruits de train sur des rails (un motif qui se répétera régulièrement tout au long du disque), finement mixés à des boucles nappes ambient, puis cède la place à des voix, des bruits de rue, d'autres nappes, des mélodies aériennes, un piano bouclé à la limite du glitch, puis décomposé jusqu'à l'épure, une flûte traditionnelle asiatique, et sans doute beaucoup d'autres choses en doses subliminales. Et l'on constate une fois encore par cette véritable résurrection à quel point le format traditionnel du CD peut s'avérer insuffisant pour Celer qui n'est jamais aussi efficace que quand il a tout l'espace nécessaire pour s'étendre.
Ceylon : Publié en format CDR en 2006, à l'époque où Celer réalisait ses propres objets à la main, Ceylon est le premier album du duo sur lequel apparaissent des laptops. Constitué pour l'essentiel d'un long titre de près d'une heure (auquel se joignent deux titres plus courts et un titre bonus pour cette réédition en ligne), Ceylon est représentatif du son originel de Celer. Des nappes aux événements rares, répétées comme un mantra, traversées de fields recordings vaguement identifiables, des sonorités grisées à l'apreté lo-fi, et des influences extrème-orientales (ici surtout évidentes sur “Mainenn”).
Levitation and breaking Points : Edité pour la première fois sous la forme d'un triple CDR trois pouces par Will Long lui-même en 2009, et aujourd'hui sous deux formats distincts (en fichiers sur le bandcamp de Celer et en CD chez And/OAR, ce dernier étant hélas épuisé à son tour), Levitation and breaking Points est sans doute l'un des meilleurs albums de l'ensemble de la discographie de Celer. Composé de trois titres d'environ vingt minutes chacun (un par CDR à l'époque), le disque déroule vague après vague d'une ambient élégiaque et enveloppante, Celer délaissant ici l'ombre et les profondeurs pour oser sortir en pleine lumière. Il en résulte une fort belle expérience d'écoute, toute en retenue et en finesse.
Sunlir : D'entrée de jeu, Sunlir surprend. Des blocages, presque des glitches, viennent contrarier l'évolution de boucles qui, sans être rugueuses, n'en dévoilent pas moins une certaine apreté. Un jeu qui va se poursuivre sur tout l'album, qui voit toutes ses envolées pulvérisées par des accidents reconstitués. Expérience évidente pour Celer, qui se laisse sans doute ici aller à se laisser trop ouvertement consumer par son idée, Sunlir déçoit, soit qu'il n'aille pas jusqu'au bout de son idée, soit qu'il lui laisse trop de champ. Il fallait bien un (semi) échec...
Red Seals : Disponible à prix libre sur le bandcamp de Celer après une édition CDR en 2007, Red Seals se compose de deux titres assez dissemblables. Car là où le premier se contente de quelques nappes profondes et érodées déroulées sur une vingtaine de minutes, le second, “Surly & Chaparral” s'avère bien plus complexe et entremèle boucles râpeuses, nappes aquatiques et souffles de vent pour une demi-heure d'une ambient sombre et possédée.
Frozen Loop : L'avantage de travailler avec des bandes, c'est que l'on peut se permettre des manipulations physiques du support, des expériences que le recours à l'ordinateur rendrait impossibles à mettre en place. Pour ce très court EP initialement publié en CDR maison en 2007, Celer a préparé une boucle de cassette d'un peu moins de deux minutes et l'a laissé tourner en boucle pendant que la bouteille dans laquelle elle se déroulait, placée dans un freezer, gelait peu à peu. De cet expérimentation sonore, ils ont tiré trois boucles qui sont présentées ici. La première est en fait la boucle initiale, et les suivantes à deux autres moments du processus avant que la bande ne gèle totalement et ne se fige. Il en résulte d'étranges mouvements à mesure que des fréquences entières disparaissent, comme absorbées par la glace, et que ne reste qu'un grondement sourd. Trop court pour être totalement convaincant, Frozen Loop aurait mérité d'être publié tel quel, dans l'intégralité de l'expérience. Mais en tant que tel, il n'en démontre pas moins l'intérêt de l'idée initiale.
Vestiges of an inherent Melancholy : Réédition en ligne d'un vinyle initialement paru chez Blackest Rainbow en 2010, Vestiges of an inherent Melancholy réunit en deux titres pas moins de dix sections distinctes, qui de toutes manières, étaient déjà très liées auparavant. Ici, des nappes denses et soutenues, chargées en drame, et des drones bas, alternent avec des field recordings enregistrés au Népal, et l'on ne peut s'empêcher d'y voir une déclaration d'amour des époux Long à un pays dont ils se sentent proches. Un disque sombre, où l'intime se mèle à l'universel, et qui compte comme l'un des plus complexes de ces dernières années.
Engaged Touches (Expanded Edition) : Autre album largement retouché par Will Long, Engaged Touches est passé de deux titres avoisinnant à eux deux les soixante minutes sur sa version CD publiée par Home Normal en 2009, à six titres qui approchent les cent minutes. Redécoupé dans l'éventualité d'une réédition en triple LP, en six titres figurant les six faces d'un disque qui ne verra peut-être physiquement jamais le jour, Engaged Touches prend ici une ampleur qui lui manquait, Will Long le reconstruisant littétalement à partir des boucles et des pistes alternatives enregistrées à l'époque et laissées de côté. Il devient ainsi comme un voyage, s'ouvrant sur des bruits de train sur des rails (un motif qui se répétera régulièrement tout au long du disque), finement mixés à des boucles nappes ambient, puis cède la place à des voix, des bruits de rue, d'autres nappes, des mélodies aériennes, un piano bouclé à la limite du glitch, puis décomposé jusqu'à l'épure, une flûte traditionnelle asiatique, et sans doute beaucoup d'autres choses en doses subliminales. Et l'on constate une fois encore par cette véritable résurrection à quel point le format traditionnel du CD peut s'avérer insuffisant pour Celer qui n'est jamais aussi efficace que quand il a tout l'espace nécessaire pour s'étendre.
Ceylon : Publié en format CDR en 2006, à l'époque où Celer réalisait ses propres objets à la main, Ceylon est le premier album du duo sur lequel apparaissent des laptops. Constitué pour l'essentiel d'un long titre de près d'une heure (auquel se joignent deux titres plus courts et un titre bonus pour cette réédition en ligne), Ceylon est représentatif du son originel de Celer. Des nappes aux événements rares, répétées comme un mantra, traversées de fields recordings vaguement identifiables, des sonorités grisées à l'apreté lo-fi, et des influences extrème-orientales (ici surtout évidentes sur “Mainenn”).
Levitation and breaking Points : Edité pour la première fois sous la forme d'un triple CDR trois pouces par Will Long lui-même en 2009, et aujourd'hui sous deux formats distincts (en fichiers sur le bandcamp de Celer et en CD chez And/OAR, ce dernier étant hélas épuisé à son tour), Levitation and breaking Points est sans doute l'un des meilleurs albums de l'ensemble de la discographie de Celer. Composé de trois titres d'environ vingt minutes chacun (un par CDR à l'époque), le disque déroule vague après vague d'une ambient élégiaque et enveloppante, Celer délaissant ici l'ombre et les profondeurs pour oser sortir en pleine lumière. Il en résulte une fort belle expérience d'écoute, toute en retenue et en finesse.
Sunlir : D'entrée de jeu, Sunlir surprend. Des blocages, presque des glitches, viennent contrarier l'évolution de boucles qui, sans être rugueuses, n'en dévoilent pas moins une certaine apreté. Un jeu qui va se poursuivre sur tout l'album, qui voit toutes ses envolées pulvérisées par des accidents reconstitués. Expérience évidente pour Celer, qui se laisse sans doute ici aller à se laisser trop ouvertement consumer par son idée, Sunlir déçoit, soit qu'il n'aille pas jusqu'au bout de son idée, soit qu'il lui laisse trop de champ. Il fallait bien un (semi) échec...
Red Seals : Disponible à prix libre sur le bandcamp de Celer après une édition CDR en 2007, Red Seals se compose de deux titres assez dissemblables. Car là où le premier se contente de quelques nappes profondes et érodées déroulées sur une vingtaine de minutes, le second, “Surly & Chaparral” s'avère bien plus complexe et entremèle boucles râpeuses, nappes aquatiques et souffles de vent pour une demi-heure d'une ambient sombre et possédée.
Frozen Loop : L'avantage de travailler avec des bandes, c'est que l'on peut se permettre des manipulations physiques du support, des expériences que le recours à l'ordinateur rendrait impossibles à mettre en place. Pour ce très court EP initialement publié en CDR maison en 2007, Celer a préparé une boucle de cassette d'un peu moins de deux minutes et l'a laissé tourner en boucle pendant que la bouteille dans laquelle elle se déroulait, placée dans un freezer, gelait peu à peu. De cet expérimentation sonore, ils ont tiré trois boucles qui sont présentées ici. La première est en fait la boucle initiale, et les suivantes à deux autres moments du processus avant que la bande ne gèle totalement et ne se fige. Il en résulte d'étranges mouvements à mesure que des fréquences entières disparaissent, comme absorbées par la glace, et que ne reste qu'un grondement sourd. Trop court pour être totalement convaincant, Frozen Loop aurait mérité d'être publié tel quel, dans l'intégralité de l'expérience. Mais en tant que tel, il n'en démontre pas moins l'intérêt de l'idée initiale.
Vestiges of an inherent Melancholy : Réédition en ligne d'un vinyle initialement paru chez Blackest Rainbow en 2010, Vestiges of an inherent Melancholy réunit en deux titres pas moins de dix sections distinctes, qui de toutes manières, étaient déjà très liées auparavant. Ici, des nappes denses et soutenues, chargées en drame, et des drones bas, alternent avec des field recordings enregistrés au Népal, et l'on ne peut s'empêcher d'y voir une déclaration d'amour des époux Long à un pays dont ils se sentent proches. Un disque sombre, où l'intime se mèle à l'universel, et qui compte comme l'un des plus complexes de ces dernières années.
Collaborations
Greetings from Celer & Machinefabriek : Dernier gros morceau de la discographie de Celer, une collaboration au long cours avec le néerlandais Rutger Zuydervelt, alias Machinefabriek autre artiste des plus prolifiques partageant avec Will Long des stratégies d'autoproduction similaires, Greetings from Celer & Machinefabriek nous force à nous demander pourquoi une telle rencontre, aussi évidente, aussi riche, n'avait jamais eu lieu auparavant. Pièce maitresse d'une collaboration qui compte pour l'instant deux EP (un troisième au moins étant prévu), cet album se présente sous la forme de six titres regroupant l'intégralité des six concerts donnés ensemble par les deux musiciens, l'ensemble étant accompagné d'une série de photos prises par Will Long au fur et à mesure du chemin. Totalement improvisés, sans répétition préalable, par deux personnes n'ayant jamais joué ensemble et qui, de plus, changeaient totalement leurs sons d'un concert à l'autre, Greetings... est une continuelle surprise où les nappes ambient se voient sans cesse contrariées par une impressionnante quantité de field recordings, de craquements, d'enregistrements de films hollywoodiens et d'émissions de télé, les frontières évoluant en permanence entre les deux formations, s'évanouissant pour se redessiner à mesure que, s'écoutant l'un l'autre (une qualité des plus rares, même dans le monde de l'improvisation), chacun abandonne ses tropes pour s'ouvrir à l'inconnu. Une superbe réussite, qui développe plus loin encore les univers chatoyants de Celer et Machinefabriek et nous pousse a espérer que cette collaboration se poursuivra longtemps encore.
Maastunnel/Mt. Mitake / Numa/Penarie : Prémices de la collaboration live entre Celer et Machinefabriek, ces deux sept pouces sont inspirés par l'environnement géographique. Procédant par échange de fichiers, le duo confronte sur Maastunnel/Mt. Mitake deux visions, d'un tunnel à Rotterdam et d'une montagne japonaise, fusionnant délicatement leurs univers sans trop en chambouler les lignes, alors que sur Numa/Penarie, il devient difficile de discerner chaque auteur. Deux singles pas totalement réussis (Numa/Penarie en particulier semble peu inspiré), mais qui complètent avec évidence Greetings from Celer & Machinefabriek.
Bliksem : Pas vraiment une collaboration, mais si influencé par la tournée avec Machinefabriek qu'il constitue l'addendum idéal à leur récente discographie commune, Bliksem (qui signifie « éclair » en néerlandais) a été composé en quelques heures, la nuit précédant le départ de Will Long pour les Pays Bas afin d'être vendu dans une édition limitée à dix copies sur CDR durant les concerts. Constitué d'une seule piste de trente minutes, il propose un calme agencement de boucles finissant dans de surprenants crachements noise. Pas particulièrement convaincant, ce mini-album aurait sans doute mérité d'être davantage travaillé, et on se prend à rêver qu'il aurait pu devenir, lui aussi, la base d'un album partagé avec Machinefabriek.
Live at Super Deluxe, Tokyo, Japan on 7.28.2011 : Premier et unique live de Celer à ce jour, celui-ci est en fait une collaboration, pour un unique titre de plus d'une demi heure, avec Chihei Hatakeyama et Blake Carrington, un trio de “jazz” qui aurait définitivement oublié toute forme de groove et même d'instrumentation. Passé une ouverture qui donne l'impression d'entrer dans le club et de s'y asseoir sur fond de muzak jazzy, le trio fait lentement émerger du silence des ambiances liquides avant de les perturber de craquements électriques qui finissent par envahir tout le morecau, l'ensemble se terminant dans un bruitisme quasi noise. Surprenant, pour le moins...
Maastunnel/Mt. Mitake / Numa/Penarie : Prémices de la collaboration live entre Celer et Machinefabriek, ces deux sept pouces sont inspirés par l'environnement géographique. Procédant par échange de fichiers, le duo confronte sur Maastunnel/Mt. Mitake deux visions, d'un tunnel à Rotterdam et d'une montagne japonaise, fusionnant délicatement leurs univers sans trop en chambouler les lignes, alors que sur Numa/Penarie, il devient difficile de discerner chaque auteur. Deux singles pas totalement réussis (Numa/Penarie en particulier semble peu inspiré), mais qui complètent avec évidence Greetings from Celer & Machinefabriek.
Bliksem : Pas vraiment une collaboration, mais si influencé par la tournée avec Machinefabriek qu'il constitue l'addendum idéal à leur récente discographie commune, Bliksem (qui signifie « éclair » en néerlandais) a été composé en quelques heures, la nuit précédant le départ de Will Long pour les Pays Bas afin d'être vendu dans une édition limitée à dix copies sur CDR durant les concerts. Constitué d'une seule piste de trente minutes, il propose un calme agencement de boucles finissant dans de surprenants crachements noise. Pas particulièrement convaincant, ce mini-album aurait sans doute mérité d'être davantage travaillé, et on se prend à rêver qu'il aurait pu devenir, lui aussi, la base d'un album partagé avec Machinefabriek.
Live at Super Deluxe, Tokyo, Japan on 7.28.2011 : Premier et unique live de Celer à ce jour, celui-ci est en fait une collaboration, pour un unique titre de plus d'une demi heure, avec Chihei Hatakeyama et Blake Carrington, un trio de “jazz” qui aurait définitivement oublié toute forme de groove et même d'instrumentation. Passé une ouverture qui donne l'impression d'entrer dans le club et de s'y asseoir sur fond de muzak jazzy, le trio fait lentement émerger du silence des ambiances liquides avant de les perturber de craquements électriques qui finissent par envahir tout le morecau, l'ensemble se terminant dans un bruitisme quasi noise. Surprenant, pour le moins...